Environnement 22 septembre 2014

Une municipalité fait passer l’agriculture devant les mines

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Saint-Camille veut contrôler les projets miniers qui compromettraient l’essor du secteur agricole.

La municipalité de Saint-Camille a décidé d’intervenir pour exercer un certain contrôle sur l’exploration minière sur son territoire, au moment même où font rage les débats sur l’exploitation des ressources naturelles et la préservation du territoire. Québec doit adopter prochainement une réforme de la Loi sur les mines et dresser les grandes lignes de sa politique d’exploitation minière dans le Plan Nord.

Le Devoir rapporte le 9 février que le conseil municipal de la ville a adopté lundi diverses mesures dans ce sens, ce que confirme le maire Benoît Bourassa. Elle a interdit l’accès aux terrains municipaux à l’exploitation minière, gazière et pétrolière. Cette restriction s’étend aussi aux limites de son périmètre urbain pour la prospection du sous-sol. La ville a de plus banni de la municipalité tout projet minier «qui compromettrait l’essor du secteur agricole ou de toute autre activité économique, sociale, environnementale à l’intérieur des limites de la localité».

Des études d’impact devront être remises à la municipalité et les propriétaires fonciers informés des projets et de leurs impacts. Les minières détentrices de claims miniers devront aussi en aviser par écrit la municipalité

Assemblée publique

Saint-Camille convoque ce soir les citoyens à une assemblée publique sur le sujet. « Il s’agit de donner l’heure juste fournir la même information à tout le monde », indique M.Bourassa, qui n’a été informé des projets de la minière Bowmore que tout dernièrement. Cette dernière souhaiterait exploiter une mine d’or à ciel ouvert à partir d’une veine qui couvre à la fois St-Camille et la municipalité voisine, Wotton.

« Nous sommes intervenus dans les limites des seuls droits que nous possédions, soit l’interdiction de l’accès aux propriétés privées. Ce qui est important de retenir de notre démarche, c’est que nous voulons mettre en place un moratoire local pour nous laisser le temps de s’asseoir avec la compagnie et entreprendre un dialogue sur les impacts sur la nappe phréatique, le paysage, etc. », relate le maire de Saint-Camille. Depuis deux et demi que la minière explore le territoire, elle n’a communiqué qu’à deux reprises avec la ville, et ce, dans la dernière semaine, ajoute M.Bourassa. La ville ignorait également que son territoire faisait l’objet de claims minier, une information que les minières n’ont pas à dévoiler aux villes.

Un village modèle

Saint-Camille est reconnue pour son dynamisme communautaire et fait figure de modèle en terme de développement économique. La ville a réussi à attirer de nombreux ménages dans la région tout en diversifiant l’économie qui repose à 60 % sur l’agriculture.

Bowmore détient pour sa part des claims miniers qui couvre un territoire allant de Magog à Saint-Camille. Un claim permet à son détenteur de devenir propriétaire du sous-sol sur une superficie de 60 hectares. Dès que le gouvernement autorise l’exploitation, le détenteur a le droit d’exproprier les propriétaires en surfaces contre compensation.

Benoît Bourassa s’inquiète des impacts à long terme d’un projet minier, surtout une fois les cours de l’or redescendus à des niveaux moins intéressants. Il déplore aussi l’impuissance des municipalités qui sont souvent averties après le fait de projets qui concernent les ressources naturelles. « Il est important que les municipalités soit prises en compte. En ce moment, le développement se fait comme si on n’existait pas. C’est une question de respect ».

Bowmore n’avait pas retourné nos appels au moment de mettre en ligne.