Actualités 23 septembre 2014

Transmettre sa passion des marchés publics

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« C’est toujours le fun quand quelqu’un débute dans le métier », lance Josée Lanoie, de la Ferme des Ormes, qui a accepté de servir de mentor à une jeune productrice en démarrage d’entreprise.

Un bain d’une journée en marché public représente en effet un des meilleurs moyens de tester la vocation des producteurs qui songent à la vente en marché public. Le programme de jumelage de l’Association des marchés publics du Québec (AMPQ) permet justement aux 90 marchés publics du Québec d’ouvrir leurs portes aux intéressés.

« De le vivre derrière le comptoir, ça donne un gros plus », a commenté Guy-Anne Landry, qui met en place avec son conjoint une entreprise de production de framboises sous tunnel à Pointe-du-Lac et qui a été jumelée à la Ferme des Ormes, au marché Godefroy de Bécancour. Mme Lanoie ne doute d’ailleurs pas des capacités de vendeuse de sa protégée d’un jour.

Plusieurs agriculteurs sont très sollicités par les nombreux marchés publics qui veulent diversifier leur offre, mais plusieurs hésitent à se lancer dans cette aventure.

La formule de jumelage avec un ancien permet d’apprendre les trucs du métier et semble très appréciée par quatre aspirants marchands interrogés par la Terre.

« C’est une expérience extraordinaire », estime Louis-Marie Lavoie, de l’entreprise Les p’tits trésors du hameau, qui fabrique diverses gelées à Ham-Nord. Ce dernier a été enchanté par son expérience au marché Godefroy avec la Ferme Grégorienne. « J’ai eu un petit coup de foudre », admet Martine Cormier, maraîchère de Saint-Bernard-de-Michaudville, qui a été jumelée à Vincent Gadbois, président de l’Association des marchés publics du Québec (AMPQ). « Il y a beaucoup de questions des gens et c’est ça qui est le fun », indique de son côté Julie Mailhot, de l’entreprise de mets préparés La popotée, qui a été « parrainée » par Steve Gauthier, de la Ferme Grégorienne.

La réaction semble unanime, les quatre participants au programme ont apprécié l’ambiance du marché, mais la majorité hésite encore à se lancer.

Plafonnement

Selon un sondage de l’AMPQ, on sait que la présence de producteurs au marché est un gros avantage auprès des consommateurs, mais les contraintes de temps et d’argent font en sorte que certains marchés ont aujourd’hui peine à recruter de nouveaux joueurs. Quelques marchés ont d’ailleurs fermé leurs portes dans la dernière année. Le nombre total de marchés, à 90, est demeuré stable en 2011, après une progression marquée depuis 2007 alors qu’on en comptait seulement 65.

« Notre recrutement va bien depuis deux ans, mais il ne faut pas se fermer les yeux », explique Steve Gauthier, directeur général du marché Godefroy, qui constate que le nombre de producteurs n’augmente pas comme celui des marchés. Selon le directeur, le jumelage permet de dresser un « portrait réaliste » aux nouveaux aspirants de même que leur donner le goût du marché. Ultimement, M. Gauthier évalue que c’est l’achalandage au marché qui fait la différence, en permettant de bonnes ventes, ce qui encouragent les producteurs à rester. Il constate que le livre vert sur la future politique agricole fait une grande place aux circuits courts. Il souhaite toutefois qu’un programme concret soit envisagé afin d’aider les marchés à convaincre les Québécois d’intégrer le marché dans leurs habitudes régulières, comme en Europe.

Rentabilité au rendez-vous?

Martine Cormier est sollicitée par trois marchés publics, mais souhaiterait en savoir plus sur les coûts réels et les ventes moyennes par jour avant de déterminer si elle peut dégager un minimum de 300 $ de profits et ainsi couvrir ses frais de mise en marché.

M. Lavoie estime de son côté que la location d’un kiosque au marché Godefroy ne serait pas rentable pour sa jeune entreprise et préfère pour le moment un petit marché hebdomadaire de quelques heures à Saint-Ferdinand, le village voisin. « Il faudrait un volume très grand de petits pots à 3 $ », fait valoir le transfor­mateur artisanal, qui hésite à aller dans un plus grand marché. L’entrepreneur cherche donc à combiner diverses formes de vente comme la consigne, le marché de solidarité et les marchés publics pour atteindre des ventes satisfaisantes. Il ne pense pas toutefois qu’il faut considérer seulement la rentabilité immédiate si on a la passion de ce que l’on fait.

« Je n’aurai pas peur d’y aller (au marché), car je sais ce qu’il faut », indique de son côté Julie Mailhot de La popotée, qui concocte des mets préparés à Sainte-Gertrude. Mme Mailhot pense que les producteurs déjà au marché ne resteraient pas s’ils perdaient de l’argent.