Actualités 23 septembre 2014

Rencontres maraîchères captivantes

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La Bio-Terre participait le 13 août dernier à une journée de rencontre avec les propriétaires de deux fermes maraîchères biologiques : la Ferme de la Berceuse, à Wickham, et l’entreprise la Récolte d’Osiris, à Saint-Marcel-de-Richelieu.

Cette activité de formation destinée aux conseillers agricoles était organisée par le Centre d’expertise et de transfert en agriculture biologique et de proximité (CETAB+) du Cégep de Victoriaville. Voici un aperçu de deux rencontres captivantes.

La Ferme de la Berceuse

La Ferme de la Berceuse de Robin Fortin et Réjean Forget occupe la terre reboisée d’une ancienne ferme laitière, à Wickham. Elle produit depuis 13 ans plus de 20 espèces de légumes, fruits et fines herbes, toutes certifiées biologiques : tomates, framboises, aubergines, carottes, asperges, pommes de terre de spécialité, melons, etc. Les propriétaires vendent leur récolte par le biais des paniers bio et dans les marchés, notamment à Drummondville. Les quelque cinq hectares de jardins et la petite pommeraie de variétés anciennes sont bordés de boisés et ornés d’étangs, pour attirer libellules, grenouilles, etc., qui adorent les insectes s’attaquant aux cultures.

Les légumes démarrés en serre sont repiqués dans les champs et, depuis 2009, sous six grands tunnels. Ces installations abritent aussi tomates et concombres pendant la saison de production.
Dans les champs, le sarcleur à roues munies de doigts pour désherber près du rang, et la herse-étrille (« peigne ») ont fait économiser beaucoup en main-d’oeuvre, explique M. Fortin. Le peigne désherbe très bien dans les pommes de terre, les oignons et les poireaux, notamment. Les sarcleurs de la ferme travaillent souvent les 10 à 13 premiers centimètres de leur sol. Mais le passage occasionnel du cultivateur à dents en C à une profondeur de 15 à 18 cm donne de bons résultats. « Comme si l’on allait chercher d’autres nutriments dans le garde-manger », suggère-t-il. « Les céréaliculteurs tendent à faire un travail superficiel, surtout au printemps, mais les légumes exigent un sol plus meuble que les céréales », note Denis La France, animateur de la rencontre.

La ferme utilise aussi un pyrodésherbeur alimenté au propane, qui brûle les mauvaises herbes. Fabriqué au coût de 200 $, ce modèle maison sarcle à merveille les carottes.

Les champs sont fertilisés avec du fumier de poulet en granulés et selon les besoins, du sulfate de potassium et de magnésium, du calcium, du molybdène, etc.

Les immenses tunnels de 80 m sur 8,5 m prolongent la récolte des tomates, constate l’horticulteur. Ces hautes « chapelles » de polyéthylène apportent aussi d’excellents résultats pour d’autres cultures, comme le basilic. « Nous sommes en apprentissage : il y a très peu de données sur la culture en grands tunnels au Québec, précise M. Fortin. Et nous devrons consolider les nôtres contre les forts vents du sud-ouest. »

Plus loin, de l’autre côté du champ de tomates italiennes, le savoureux melon charentais partagé avec les conseillers prouve que la Ferme de la Berceuse en connaît déjà pas mal!

La Récolte d’Osiris

Danielle Turpin et Daniel Bigras dirigent depuis 1995 la Récolte d’Osiris, une ferme certifiée biologique. Après avoir cultivé des légumes et des fines herbes pour les paniers bio ainsi que des fleurs coupées, le couple s’est lancé dans la production de fines herbes et de légumes déshydratés. Persil, coriandre, aneth, menthe, oignons, ciboulette, poireaux, carottes, piments et autres poussent en une trentaine de variétés. Les produits sont séchés et embouteillés à la ferme. Un exemple de leurs créations : du céleri salé (et non pas du sel de céleri) produit avec le pied plutôt qu’avec les graines de cette plante, et avec beaucoup moins de sel. La production est vendue dans plusieurs supermarchés et magasins d’alimentation naturelle du Québec et par Internet.

Dans cette ferme de Saint-Marcel-de-Richelieu, le coup d’oeil est agréable : de longues parcelles couvertes de légumes et de fines herbes, les serres, les mille couleurs du potager familial, une haie d’arbres et des boisés tout autour.

Ici, la plupart des cultures se font maintenant sur paillis de plastique. Celui-ci est déposé au sol avec une dérouleuse fabriquée par M. Bigras. « Le plastique aide à prévenir les maladies, note Mme Turpin. Mais attention à ne pas faire un trou trop gros à la plantation. » Grâce au plastique, les plantes sont aussi plus propres, ce qui facilite la transformation. Sur le sarcleur qui désherbe entre les planches de culture, M. Bigras a installé des disques amovibles qui enterrent les bords du paillis de plastique, où la terre a tendance à s’amincir au fil des sarclages. Les planches sont irriguées avec un système goutte à goutte, sans excès. « Nos cultures développent ainsi des racines très profondes et ont peu de maladies », explique le maraîcher.

Auparavant, les propriétaires de la ferme fertilisaient leurs cultures avec du compost. Ils ont plutôt recours aujourd’hui aux engrais verts de sarrasin ou de soya. « À la plantation, sous chacun des plants démarrés en multicellules, on applique beaucoup de farine de crabe et des algues marines diluées dans l’eau », dit la productrice. Certains légumes reçoivent du fumier de poule en granulés, à la plantation. Des émulsions de poisson et d’algues marines servent d’engrais foliaire. Le paprika cultivé à la Récolte d’Osiris a séduit un client originaire de Hongrie, où l’on adore ce piment. « Il est meilleur que le nôtre », leur avait-il dit, les larmes aux yeux!