Actualités 16 décembre 2014

Dur revers pour l’usine d’engrais de Bécancour

Ce que plusieurs redoutaient vient de se confirmer : le mégaprojet d’usine d’engrais agricole à Bécancour est reporté « pour une période indéterminée ».

 

Une très mauvaise nouvelle pour l’économie de cette région, qui tente de se relever de la fermeture de la centrale nucléaire Gentilly-2.

« On comprend la réaction de la population, mais il s’agit d’une décision nécessaire que nous devions prendre, dans les circonstances », a réagi, en entrevue à la Terre, le responsable des communications régionales chez IFFCO Canada, Yvan Martin.

Plusieurs facteurs d’ordre financier expliquent cette décision de mettre le projet d’usine en veilleuse. L’explosion des coûts apparaît au haut de la liste. Le projet était d’abord estimé à 1,2 G$. Il a été rajusté à 2 G$.

« Il y a beaucoup de pression dans l’industrie pétrochimique et sur le coût des équipements technologiques », soutient le porte-parole de l’entreprise.

Pas un abandon

Malgré ce revers, IFFCO et La Coop fédérée maintiennent que tout n’est pas terminé. « Ce n’est pas un abandon, rectifie Yvan Martin. Il faut plutôt parler d’une pause stratégique qui devrait nous permettre de trouver des façons de relancer le projet. Parce que nous avons fait des pas importants en avant, et que nous demeurons convaincus que nous y arriverons. »

Les travaux de construction de l’usine, qui devaient fournir du travail à 1 500 personnes, devaient débuter en 2015 pour se terminer en 2018. Il était prévu que 250 emplois seraient créés, une fois la mise en service de l’usine hautement technologique.

L’usine devrait produire de 1,3 à 1,6 million de tonnes par année d’urée granulaire, qui sert de fertilisant pour les terres agricoles. À elle seule, La Coop fédérée a prévu acheter près du tiers de la production totale.

En espérant que le projet reprenne vie – et que les promoteurs trouvent des capitaux –, les producteurs agricoles québécois devront continuer d’importer ces indispensables fertilisants.

Un lancement avec éclat

Rappelons qu’en octobre 2012, le projet avait été lancé avec éclat, à Bécancour, par la société indienne Indian Farmers Fertiliser Cooperative Limited (IFFCO) et La Coop fédérée.

On misait alors sur la proximité du chemin de fer et de la zone portuaire pour faciliter l’exportation, en Inde, d’une partie des fertilisants que l’usine devait produire à Bécancour.

Deux personnalités du monde politique et économique s’y trouvaient alors : Jacques Daoust, qui agissait à titre de PDG d’Investissement Québec – aujourd’hui ministre de l’Économie, de l’Innovation et des Exportations, dans le cabinet Couillard – et Claude Lafleur, qui était encore le chef de la direction de La Coop fédérée.  Il est devenu en mai dernier le patron d’IFFCO Canada avec le mandat de mener à terme le projet de Bécancour.