Alimentation 18 septembre 2014

Les produits bio gagnent du terrain

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Cinquante-cinq pour cent des Québécois sont désormais convertis aux produits biologiques et 41 % d’entre eux disent vouloir augmenter leurs achats biologiques.

C’est du moins ce que révèle un sondage mené pour la Filière biologique du Québec par la firme Jolicoeur et Associés auprès de 718 répondants.

Les chiffres à propos des nouveaux adeptes des produits bio sont peut-être les plus évocateurs, c’est toutefois la forte proportion de la population connaissant les caractéristiques des produits biologiques qui fait la fierté de la Filière biologique : « Nous avons fait plusieurs campagnes de valorisation des produits bio ainsi que plusieurs entrevues avec les médias afin de remplir notre mission éducative. Ces résultats viennent valider nos efforts pour mieux informer la population », raconte le directeur général de la Filière biologique du Québec, Alain Rioux.

Quatre-vingt-seize pour cent des répondants affirment savoir que les produits biologiques doivent respecter des critères précis, alors que 83 % se disent informés des inspections annuelles faites par des organismes indépendants chez les producteurs bio.

Malgré que le sondage confirme la tendance bio dans l’assiette des Québécois, la proportion de produits biologiques dans l’alimentation globale demeure faible. Un non-consommateur sur deux justifie sa résistance à la vague biologique par le prix élevé des aliments. Le prix des produits est aussi important pour les consommateurs de produits bio, puisqu’il est le principal facteur limitatif du volume de consommation, devant le manque de variété, de fraîcheur et de disponibilité. Un noyau de 40 % d’acheteurs actuels se dit toutefois prêt à payer davantage pour certaines catégories d’aliments bio en raison de leur plus-value.

Quarante-sept pour cent des adeptes du bio estiment que la capacité de leur magasin d’alimentation habituel à s’approvisionner en produits diversifiés influence grandement le contenu de leur assiette. Le sondage permet aussi de constater que l’âge des répondants a une incidence directe sur la fréquence de consommation des aliments bio : « Chez les jeunes, 68 % auraient une consommation régulière. Les jeunes adoptent le bio et sont fidèles. Ils prennent l’engagement du bio », explique M. Rioux.

Malgré ces chiffres favorables à l’industrie, le président de la Fédération de l’agriculture biologique du Québec, Gérard Bouchard, ne crie pas victoire et demeure réaliste : « Moi, je vais croire ces données statistiques lorsque les gens vont commencer à acheter. Pour le moment, la demande dans le bio n’est pas vraiment forte. » M. Bouchard précise que les agriculteurs sauront s’ajuster à la demande si elle tend à croître : « Le matin où on va manquer d’aliments bio, les producteurs seront là pour lever les bras et produire. »

Des défis à l’horizon

Enthousiasmée par les résultats du sondage, la Filière biologique s’affaire maintenant à adapter l’industrie à sa nouvelle popularité. « On a déjà identifié des produits dont les consommateurs veulent en plus grande quantité, comme la viande bio par exemple. On veut donc pouvoir maintenir une bonne adéquation entre l’offre et la demande », souligne M. Rioux. L’énergie doit donc être déployée au niveau de la disponibilité des produits pour soutenir et nourrir l’intérêt croissant des Québécois, et non sans raison : le mode de production biologique à grande échelle est laborieux. « Les grandes entreprises agricoles ont des défis agronomiques qui sont énormes en raison des normes strictes associées au bio. Ces normes se transposent moins bien à la production de masse », souligne-t-il.

Maintenant que la tendance est confirmée, le directeur de la Filière est conscient que l’industrie du bio doit aussi se doter de stratégies de croissance et de mécanismes de mise en marché. Le travail à accomplir ne semble pourtant pas décourager les principaux concernés : « On disait que le Québec avait un marché moins actif qui se développait moins vite. Mais là, on réalise qu’on va à la même vitesse que le reste du pays », se réjouit M. Rioux.