Régions 9 septembre 2014

Ferme Bunny : une PME agricole à surveiller!

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Tel que publié dans Montérégie

SAINT-HYACINTHE – Parti de rien, Alexandre Gagnon, copropriétaire de la Ferme Bunny à Saint-Hyacinthe, a réussi, en moins de 5 ans, à créer une PME agricole affichant un chiffre d’affaires de 3,5 M$. Pas étonnant que cette entreprise maraîchère, spécialisée dans la production de carottes jumbos et d’oignons, ait remporté en 2014 le prix PME de la Banque Nationale en Montérégie.

« Je suis très fier du succès que nous connaissons, car ce n’était pas facile de se positionner dans le marché maraîcher, a déclaré M. Gagnon à la Terre, le 19 juin dernier. Pour y arriver, il a fallu recourir à un nouveau modèle d’affaires et être innovateur sur le plan des pratiques culturales », a ajouté le directeur des opérations de la Ferme Bunny, fonceur dans l’âme.
La Ferme Bunny cultive quelque 250 hectares, dont les deux tiers en carottes jumbos et le reste en oignons.

« J’exporte 95 % de mes carottes pour le marché HRI [de l’hôtellerie, de la restauration et de l’institutionnel] de la côte est américaine », a confié le jeune entrepreneur arrivé au seuil de la quarantaine. Tout un cheminement quand on sait qu’il a débuté, en 2009, par la production de carottes destinées à la conserverie Bonduelle, sur quelque 40 ha. « Je mets en marché des carottes de qualité supérieure, de plusieurs variétés, qui se démarquent par leur uniformité en sacs », a-t-il fait valoir. M. Gagnon, qui explore une troisième culture, en est à peaufiner la mise en marché de ses oignons, qui permettent des rotations annuelles.

« J’ai apprécié de participer au concours de la Banque Nationale, qui met en évidence l’importance économique des PME et la fibre entrepreneuriale », a confié le jeune maraîcher, même si le prix provincial lui a échappé. « Une belle expérience humaine », a-t-il noté, bien qu’il préfère faire ses affaires dans l’ombre.

Nouveaux modèles

Le nouveau modèle d’affaires évoqué par M. Gagnon comporte au moins quatre volets. « J’ai conclu un partenariat 50/50 avec des investisseurs régionaux [Groupe Jafaco et Délimax], car acquérir l’ancien domaine Spingola en solo constituait une trop grosse bouchée pour un jeune entrepreneur », explique-t-il.

Le prix des terres agricoles a quasiment doublé dans son coin de pays depuis 4 ans, allant jusqu’à 18 000 $ l’arpent. « J’ai ensuite choisi un modèle de gestion des ressources humaines m’évitant d’embaucher 300 travailleurs agricoles par jour, comme le faisait l’ancien propriétaire. »

En haute saison, la Ferme Bunny embauche une vingtaine de travailleurs étrangers, mexicains et guatémaltèques. « J’ai aussi opté pour un créneau qui ne me mettait pas en concurrence directe avec les autres maraîchers d’ici qui bataillent pour dénicher une place dans les supermarchés. » La formation constitue la quatrième roue du carrosse, note M. Gagnon, diplômé en agroéconomie de l’Université Laval et détenteur d’un DEC en horticulture de l’Institut de technologie agroalimentaire (ITA) de La Pocatière.

M. Gagnon a aussi innové au chapitre des pratiques culturales. « C’est un peu notre secret, a-t-il signalé. Je suis très méticuleux pour la préparation du sol lors des semis et des interventions [arrosage, désherbage] en saison. » Des interventions d’ailleurs bien ciblées qui reposent sur la lutte intégrée. M. Gagnon se trouve choyé de cultiver sur des terres en partie organiques (terres noires) réputées pour le maraîchage. Il sème ses carottes et ses oignons sur des billons plus hauts que la normale et travaille le sol en profondeur.

Alexandre Gagnon connaissait la culture maraîchère avant d’acquérir l’ancien fief des Spingola et leur marque de commerce Bunny. Il a travaillé plusieurs années à la ferme paternelle, où la production de carottes côtoyait l’élevage du porc et les grandes cultures, à Saint-Roch-de-l’Achigan, dans Lanaudière