Actualités 5 mars 2018

Les mycorhizes : un atout pour l’agriculture moderne

Il y a à peine une quinzaine d’années, les mycorhizes passaient complètement inaperçues dans le milieu agricole. Même si l’on reconnaissait que la vie du sol pouvait apporter quelque chose de bénéfique, celle-ci entrait rarement dans l’équation d’une régie.

De nos jours, les agronomes et les producteurs sont de plus en plus conscients que la base même d’une agriculture durable est le maintien d’un écosystème riche et diversifié dans le sol, tant en ce qui concerne les bactéries et les champignons que les arthropodes et autres organismes vivants. Un travail minimal du sol permet de favoriser le développement des populations de mycorhizes. Comme certaines espèces indigènes de mycorhizes sont peu efficaces dans le cas de certaines cultures, il est aujourd’hui possible d’inoculer les champs avec des souches plus performantes, et ce, à faible coût, pour bénéficier des nombreux avantages des mycorhizes.

Une symbiose de longue date

La mycorhize désigne une association symbiotique entre les racines d’une plante et un champignon du sol. Ce type de symbiose date de plus de 450 millions d’années. Les experts croient d’ailleurs que ce sont les mycorhizes qui ont permis l’établissement des végétaux sur la terre ferme, les racines primitives des premiers végétaux terrestres étant peu adaptées aux conditions plus sèches des sols. De nos jours, on estime que plus de 80 % des espèces végétales sont colonisées par l’un ou l’autre des différents groupes de mycorhizes. On retrouve les ectomycorhizes chez la plupart des arbres forestiers (sapin, pin, épinette, chêne, hêtre, bouleau, noyer, etc.), les éricoïdes chez les éricacées, les orchidoïdes chez les orchidacées et les mycorhizes arbusculaires chez la plupart des plantes herbacées, les plantes agricoles et quelques espèces forestières comme l’érable. C’est donc la presque totalité des plantes vasculaires qui forme des associations symbiotiques mycorhiziennes. Il faut juste que le bon champignon soit présent au bon moment.

Bénéfices pour la plante

Les associations mycorhiziennes procurent des bénéfices considérables à la plante. Avec leurs fantastiques capacités d’exploration, les hyphes du champignon rendent plus accessibles l’eau du sol et les minéraux qu’elle contient (phosphore, azote, zinc, etc.). Ces hyphes sécrètent aussi une protéine dans le sol, la glomaline, qui favorise son agrégation et son aération. Les plantes sont ainsi plus résistantes aux stress hydrique et salin, mais aussi aux agents pathogènes racinaires. 

Des études récentes démontrent même que les mycorhizes modifient la biochimie de la plante, par exemple, dans le cas des fines herbes, en augmentant la production d’huiles essentielles. 

La symbiose tripartite

En plus de nourrir la plante en échange de carbone, la mycorhize alimente une multitude de bactéries poussant le long de ses hyphes, comme des bactéries solubilisatrices de phosphore et des rhizobiums, favorisant leur multiplication et leur dissémination dans le sol.

Martin Trépanier, agr., Ph. D., Chargé de projets chez Premier Tech