Élevage 23 février 2018

Le stress gagne les producteurs américains

La baisse constante du prix du lait aux États-Unis affecte le moral des producteurs. Ceux-ci sont de plus en plus nombreux à souffrir de détresse psychologique.

La coopérative laitière Agri-Mark a récemment fait parvenir à ses membres une lettre afin de les conscientiser à l’importance de demander de l’aide en cas de difficultés. « Nous sommes à mi-chemin d’un hiver particulièrement stressant où nous faisons face à une chute du prix du lait. Les familles agricoles sont très résilientes, mais certains membres pourraient tirer profit de programmes d’aide grâce auxquels ils peuvent discuter de stress financier, de dépression, d’anxiété, d’abus de substances et de difficultés familiales avec des experts », indique la missive.

Elle fournit également les coordonnées de ressources en santé mentale au Vermont, dans le New Hampshire et le Maine, dans l’État de New York, au Massachusetts et au Connecticut. Agri-Mark précise qu’elle travaille à implanter un programme d’assistance pour ses membres. Première coopérative laitière de Nouvelle-Angleterre, Agri-Mark regroupe 1 100 fermes, pour des ventes de plus de 915 M$ US.

La productrice laitière au New Hampshire Julie Hussey a reçu cette lettre et en a aussitôt diffusé une copie sur Facebook. « Si vous connaissez un producteur laitier, donnez-lui une tape dans le dos et remerciez-le pour son travail et son dévouement à nourrir les gens », a-t-elle publié. Son statut n’a pas tardé à faire réagir. Les reportages se sont multipliés dans les journaux du Nord-Est américain, ainsi qu’à la radio et à la télé.

Stress

« C’est excessivement stressant quand ta paye de lait ne permet pas de payer les factures et que celles-ci continuent de s’accumuler », confie Julie Hussey à La Terre. Elle constate que tous les éleveurs autour sont durement affectés par la chute du prix du lait. Dans son comté, le seul autre producteur s’est d’ailleurs suicidé l’an dernier.

« Nous avons commencé en production en 2007 alors que le prix était au-dessus de 20 $ US/100 livres. Aujourd’hui, nous recevons 15 $ US/100 livres pour notre lait alors qu’il nous en coûte 18 $ US/100 livres pour le produire », révèle Mme Hussey. Les prévisions de prix pour les mois à venir ne sont guère réjouissantes. Elle regarde avec envie ses collègues au nord de la frontière, qui évoluent dans un système de gestion de l’offre. « Les gros joueurs deviennent de plus en plus gros et poussent les petites fermes hors du marché », déplore-t-elle.

Quelques jours après la diffusion de la lettre d’Agri-Mark, le sénateur démocrate du Vermont, Patrick Leahy, annonçait avoir négocié une bonification au programme de protection des marges des entreprises laitières. Ces changements doivent toutefois être approuvés par le Sénat et la Chambre des représentants.

Crédit photo : Gracieuseté de Julie Hussey
Crédit photo : Gracieuseté de Julie Hussey