Économie 15 février 2018

Nombreux changements à l’assurance récolte

La Financière agricole du Québec (FADQ) a fait le grand ménage du printemps dans ses niveaux de couverture et de primes à l’assurance récolte pour la saison 2018. Ces modifications sont bien reçues par les Producteurs de grains du Québec (PGQ), mais ils auraient souhaité des améliorations dans le fonctionnement même du programme.

La hausse du prix unitaire pour plusieurs cultures, allant jusqu’à 30 % pour les bleuets, résulte d’une révision des coûts de production. Le prix couvert augmentera jusqu’à 24 % dans le secteur maraîcher, de 14 % pour le soya, de 8 % pour le maïs-grain, de 7 % pour les fourrages et de 4 % pour les canneberges. Certains calculs ne sont toutefois pas terminés, notamment dans le secteur maraîcher (haricots, maïs sucré, pois et cornichons). D’autres chiffres pourraient donc être dévoilés prochainement.

Champ-de-lin-Mitis

Pour une première fois, la FADQ couvrira le foin bio sous le régime de protection collective. Le prix unitaire 2018 déterminé pour le foin est de 213 $/t. Celui du foin conventionnel est établi à 142 $/t.

En ce qui a trait aux grandes cultures sous le régime de protection individuelle, le maïs-grain est évalué à 194 $ et à 291 $ en régie biologique. Pour le soya, la Financière évalue maintenant la récolte à 454 $/t et à 681 $/t pour le biologique. Concernant le blé d’alimentation humaine, le prix unitaire est de 292 $/t et de 438 $/t pour ce type de blé bio.

La diminution de prime varie de 4 % à 40 % en fonction des productions. La FADQ tient compte des conditions météo plus favorables des dernières années et des excédents dans le Fonds d’assurance récolte. L’adhésion pour 2018 peut se faire du 15 février au 30 avril.

0100-000710

Critiques

« On est un peu déçus. Les Producteurs cherchaient plutôt des améliorations concernant le fonctionnement », a mentionné Christian Overbeek, président des PGQ. Ce dernier précise que si le programme d’assurance récolte ne déclenche pas en raison des seuils de 12 % à 15 % de pertes qui sont exigés, la baisse de prime ou la hausse de prix unitaire ne seront pas utiles. Les PGQ souhaiteraient notamment que les agriculteurs soient indemnisés autrement qu’en fonction des seuils actuels et voudraient aussi qu’ils puissent fractionner leur entreprise de façon à ce que des pertes très localisées puissent être dédommagées même si leurs autres récoltes ont été épargnées. Une table de travail formée des PGQ et de la FADQ a d’ailleurs commencé ses travaux pour discuter des améliorations possibles à l’assurance récolte.

« En adaptant de manière continue ses façons de faire, la Financière permet à nos producteurs d’être plus compétitifs sur le marché tout en leur offrant le même niveau de service », a mentionné Laurent Lessard, ministre de l’Agriculture du Québec.

DSC_5517

Cinq cultures émergentes maintenant assurées

Pour la première fois, les cultures de seigle, de gourganes sèches, de féveroles, de chanvre et de lin pourront faire l’objet d’une assurance récolte à partir de la saison 2018. Celle-ci sera basée sur trois cultures de référence (blé, avoine, orge).

« C’est un très bon pas dans la bonne direction », estime Christian Overbeek, président des PGQ. Ce dernier espère que d’autres productions émergentes pourront s’ajouter dans le futur en fonction des « attentes de l’industrie ». La FADQ a par ailleurs confirmé à La Terre que les primes de la nouvelle assurance pour les cultures émergentes seront ajustées lorsqu’il y aura de trois à cinq ans de données disponibles.

« Ça reprend vraiment les conclusions du comité de travail auquel j’ai participé », a affirmé Jacques Dallaire, vice-président du Syndicat des producteurs de grains biologiques du Québec (SPGBQ). La valeur couverte sera 50 % plus élevée que celle du secteur conventionnel, ce qui est souvent beaucoup moins que la valeur marchande. « Ça pourrait être plus que 50 %, mais plus la valeur assurée augmente, plus la prime augmente aussi, et ça devient un frein pour les producteurs », ajoute Pierre Labonté, président du SPGBQ.

Le ministre Laurent Lessard dit vouloir encourager ces entreprises « innovantes » et ajoute que cette ouverture de l’assurance récolte fait partie des « bases pour la réussite de notre politique alimentaire ».

ChampFeveroleparINRA