Actualités 22 février 2018

Les défis des cultures biologiques aux États-Unis

Lors du Forum sur la production biologique et sans organismes génétiquement modifiés (Organic and non-GMO Forum) qui a eu lieu les 6 et 7 novembre derniers à Saint-Louis, aux États-Unis, un consensus s’est dégagé : le marché du secteur biologique n’est plus marginal.

En effet, près de 5,3 % des dépenses alimentaires des ménages américains sont consacrées aux aliments biologiques. Toutefois, cette tendance peine à se refléter aux champs, puisque seulement 1 % des terres cultivées sont en culture bio. Même si la production de grains est davantage orientée vers l’alimentation animale, la demande pour des produits biologiques est tout aussi importante.

Les superficies récoltées en grains biologiques progressent aux États-Unis : la croissance annuelle a été évaluée à 12,9 % pour le maïs et à 12,3 % pour le soya. Pourtant, l’offre globale américaine s’accroît annuellement d’environ 47,8 % pour le maïs et 27,8 %2 pour le soya. Cet écart est donc comblé par les importations, ce qui est paradoxal pour les États-Unis, l’un des plus importants exportateurs de grains au monde. En 2016, les importations de grains biologiques ont constitué 45,9 % de l’offre du maïs et 75 % de celle du soya. Le principal fournisseur est la Turquie, qui représente 73 % des importations de maïs et 41 % de celles de soya. Or, on a appris dans un article du Washington Post que du soya conventionnel de Turquie était exporté aux États-Unis sous l’étiquette biologique. Cette compétition déloyale peut partiellement expliquer le faible niveau des prix du bio aux États-Unis et ralentirait la transition des producteurs vers ce mode de production. De plus, cette situation a le potentiel de miner significativement la confiance des consommateurs à l’égard de toute la filiale. Heureusement, selon ce même article, le Canada et l’Union européenne seraient plus sévères en ce qui a trait aux importations biologiques.

Pour conclure, il importe de mentionner un autre défi abordé lors du Forum, c’est-à-dire celui de la relève. Si les générations Y et Z sont plus préoccupées par leur alimentation et sont plus exigeantes au sujet de ce qu’il y a dans leur assiette au restaurant, peut-être seront-elles encouragées à se lancer dans cette forme d’agriculture. Ajoutons que la génération Z est la première à être née après la création de la norme biologique et donc à toujours avoir eu accès aux aliments bio. Or, pour accroître la production, il faudrait tout au moins que les demandes de ces générations se traduisent davantage en comportement d’achat.

Étienne Lafrance, agent d’information sur les marchés, Producteurs de grains du Québec

Cet article a été publié dans l’édition de janvier 2018 du magazine Grains.