Politique 17 janvier 2018

Hausse du salaire minimum à 12 $ le 1er mai

Québec haussera le salaire minimum à 12 $/heure le 1er mai, un bond appréciable de 0,75 ¢. Pas question pour autant d’accorder des mesures d’atténuation aux producteurs agricoles, qui vont voir leurs frais de main-d’œuvre augmenter d’autant.

« On n’est même pas capables d’avoir de l’argent pour vous aider », a affirmé le ministre de l’Agriculture du Québec. Le 16 janvier, Laurent Lessard participait à l’assemblée annuelle des Producteurs de pommes du Québec. Interrogé sur la hausse du salaire minimum – qui n’était pas encore connue publiquement à ce moment –, celui-ci ne s’est guère montré favorable à des mesures d’atténuation.

« Ce n’est pas une bonne décision [de l’Ontario] d’aller à cette vitesse-là », a déclaré le ministre Lessard. Celui-ci a assuré que le salaire minimum « ne montera pas tout d’un coup » au Québec, son gouvernement ayant opté pour une augmentation graduelle « en escalade » pour atteindre les 15 $ en 2021. Il dit préférer une hausse basée sur une évaluation annuelle, craignant qu’une hausse rapide ne se traduise par des pertes d’emplois.

Interrogé sur ses intentions personnelles quant à son avenir politique, Laurent Lessard confirme qu’il briguera de nouveau les suffrages l’automne prochain. Dans la foulée des démissions annoncées au Parti québécois, le ministre a dit qu’il avait obtenu le feu vert de ses militants. « Je suis en mode électoral », a-t-il confirmé avec assurance à La Terre.

Assommés

L’Association des producteurs de fraises et framboises du Québec est assommée par la hausse annoncée de 0,75 $. Celle-ci, fait-on valoir, représente une augmentation réelle de 6,67 %, compte tenu du fait que la main-d’œuvre accapare déjà la moitié des coûts de production.

« C’est énorme », a réagi le président de l’Association, David Lemire. Ce dernier ajoute que les producteurs ne seront pas en mesure de refiler cette hausse aux consommateurs, étant déjà en forte compétition avec les producteurs de Californie. Il rappelle qu’une récente étude de la firme Forest Lavoie Conseil a démontré que le profit net moyen d’une ferme maraîchère se situe entre 5 et 8 %.

« C’est 3,3 % de profit en moins, proteste-t-il. C’est préoccupant, quand on vient te chercher la moitié de ton profit. »

David Lemire ajoute que le fait de ne jamais savoir à quoi s’attendre constitue « le pire » pour les producteurs. À son avis, il serait nettement préférable de connaître les hausses prévues quelques années à l’avance.