Actualités 15 janvier 2018

Des actions concrètes pour éviter le pire

Les questions de santé et de sécurité peuvent facilement passer au second plan lorsqu’on gère une petite entreprise agricole. Des solutions simples existent pourtant pour déterminer rapidement ce qui pourrait un jour mener au drame.

Bon an mal an, environ 200 incendies s’attaquent aux bâtiments agricoles de la province. En 2016, on en a dénombré 208, qui ont généré pour 29,4 M$ en pertes matérielles, selon les chiffres du ministère de la Sécurité publique du Québec (MSPQ).

Les pertes matérielles ne représentent toutefois qu’une partie du drame, rappelle Jean-Luc Hudon, chef de division opération et prévention à la Régie intermunicipale de sécurité incendie GÉANT. « C’est une charge émotionnelle aussi, rappelle-t-il. Certains bâtiments sont cédés de père en fils depuis des générations. »

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Mais par où commencer?

Selon François R. Granger, ingénieur et conseiller-expert en prévention–inspection à la Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la -sécurité du travail (CNESST), deux avenues s’offrent au producteur.

D’une part, il y a l’Union des producteurs agricoles (UPA), par l’entremise de sa mutuelle de protection. Elle offre des rencontres avec des conseillers spécialisés. « En cas de doute, il ne faut pas hésiter à les contacter, explique le spécialiste. Ils vont identifier les problèmes à corriger avec le producteur. »

Le site de la CNESST renferme également une panoplie de documents susceptibles de répondre aux questions. M. Granger suggère d’utiliser l’outil d’identification des risques qui s’y trouve. « C’est un bon point de départ, ajoute-t-il. Ça permet de procéder à une auto-inspection rapide. »

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Sécurité électrique

Selon les chiffres du MSPQ, des défaillances ou défectuosités électriques se cachent derrière au moins 30 % des cas d’incendies dans les fermes du Québec, ce qui en fait de loin la première cause d’incendie.

Câblages non protégés ou accessibles aux rongeurs, panneaux électriques corrodés, branchements relâchés, ampoules non protégées : voilà seulement trois exemples qui pourraient conduire à la perte d’un bâtiment de ferme.

Et la liste s’allonge bien plus, selon Jean-Luc Hudon.

« Un autre danger vient de l’utilisation de rallonges électriques ou d’appareils de chauffage auxiliaires qui sont censés servir temporairement », indique-t-il.

Ajoutez à ce cocktail de l’humidité près des panneaux électriques ou de la poussière autour des points de chauffe, et vous augmentez considérablement vos chances de remporter la « loterie incendie », ajoute le spécialiste. Celui-ci recommande d’ailleurs de faire affaire avec un maître-électricien.

« Les questions d’électricité sont réglementées par la Régie du bâtiment du Québec de toute façon, dit-il, et il pourrait y avoir une inspection. »

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Le triangle du feu

Éviter les incendies revient essentiellement à éviter de réunir les trois éléments qui composent le triangle du feu : un comburant, un carburant et une source de chaleur.

Comme l’oxygène – un comburant – se retrouve un peu partout autour de nous, on se contentera d’éloigner tout ce qui peut brûler des sources de chaleur et des étincelles.

Et l’électricité n’est pas toujours en cause, rappelle Jean-Luc Hudon.

« Le problème vient souvent d’un mauvais entretien de la machinerie, explique-t-il. Le foin tombe sur le moteur ou les courroies, par exemple, et peut se mettre à brûler rapidement. »

Selon lui, il faut prévoir un moment pour retirer les résidus de paille et la poussière des différents appareils où ils pourraient s’accumuler, comme les chariots à ensilage, hache-paille ou mélangeurs verticaux, notamment.

« Si ça sert tous les jours, l’entretien doit être fait au moins une fois par semaine », souligne-t-il.

En fin de compte, en investissant un peu de son temps en prévention et en entretien, le producteur s’évitera bien des ennuis. 

Martin Primeau. journaliste