Actualités 8 janvier 2018

Les cultures de couverture : des suggestions pour les intégrer à la rotation

Le terme « cultures de couverture » regroupe les cultures intercalaires et celles à la dérobée, semées après la récolte de la culture principale.

On connaît bien leur impact sur la réduction de l’érosion et la récupération des éléments fertilisants, mais leurs rôles et leurs bénéfices vont bien au-delà de cela. Les racines des cultures de couverture stimulent l’activité biologique du sol, ce qui en améliore la structure, l’infiltration de l’eau, la teneur en matière organique et la fertilité naturelle. Plusieurs options s’offrent aux producteurs désireux de faire une place aux cultures de couverture et d’améliorer ainsi la santé et la productivité de leur sol.

Dans le maïs

La culture du ray-grass en intercalaire dans le maïs est une technique qui gagne en popularité et qui réussit bien. Le ray-grass supporte bien l’ombre et sa croissance est ralentie lorsque la température atteint 22 °C. Il n’exerce donc pas de compétition sur le maïs. Il peut être semé à la volée, au stade de 4 à 6 feuilles du maïs. Grâce à son système racinaire abondant, il améliore la structure du sol et l’infiltration de l’eau ainsi que la capacité portante.

Dans le soya

Dans le soya, le semis de cultures intercalaires pose un défi de taille : trouver des espèces qui ne nuisent pas à la récolte. Le lotier et le trèfle blanc Huia semés à la volée à deux trifoliées du soya répondent à ces critères. Les essais se poursuivent pour mettre au point leur régie après la récolte du soya.

Du côté des cultures de couverture semées à la dérobée, après une céréale par exemple, le radis est très populaire. Il est facile à implanter, peu coûteux et valorise bien l’azote du fumier. Les légumineuses présentent aussi de nombreux avantages. Les pois fourragers ont fait leurs preuves au Québec et sont économiquement rentables, considérant l’apport en azote et l’augmentation en rendement du maïs l’année suivante.

Enfin, le seigle d’automne est l’une des cultures les plus résistantes au froid. Il peut même être semé après le maïs-grain. Le seigle peut être ensilé au printemps d’après ou détruit chimiquement, puis suivi d’un semis direct de soya. Le rendement du maïs peut être affecté par l’effet allopathique du seigle et l’immobilisation de l’azote. Des champignons responsables de maladies racinaires des graminées peuvent aussi se transmettre du seigle au maïs dans la semaine suivant sa destruction. Il est donc recommandé d’attendre au moins sept jours après celle-ci pour semer le maïs. On doit retenir que le maïs semé dans le seigle réussira mieux dans un sol actif biologiquement. Le semis du maïs dans le seigle vivant est une autre option intéressante en développement.

Nous commençons à peine à découvrir les nombreuses possibilités des cultures de couverture. Ces quelques exemples ne sont que la pointe de l’iceberg.

Il existe d’ailleurs un groupe privé sur Facebook nommé Cultures de couverture Québec qui compte plus de 1 500 membres, majoritairement des producteurs.

Sillons comparativement à la volée

Le semis d’intercalaires dans des sillons, plutôt qu’à la volée, permet d’utiliser une plus grande diversité d’espèces et d’être moins dépendant des précipitations. D’excellents résultats ont été obtenus en 2016 et en 2017 avec un mélange radis, trèfle incarnat et ray-grass semé sur près de 400 hectares en Montérégie avec un semoir à céréales modifié. Lorsque l’implantation des intercalaires est bien réussie, elle peut contribuer au contrôle des mauvaises herbes.

Sylvie Thibaudeau, agr., M. Sc., conseillère au Club agroenvironnemental du Bassin Laguerre