Actualités 22 décembre 2017

« On est magnifiques » – Kim Thúy

LONGUEUIL — Kim Thúy n’habite pas vraiment à la campagne. Nul besoin. Sa mère, qui partage son toit, adore faire pousser des légumes, différentes sortes de piments et des courges vietnamiennes. L’hiver, une partie du sous-sol se transforme en serre pour ses fines herbes.

« J’ai la campagne dans la maison », s’amuse l’écrivaine, qui vient tout juste de lancer un livre de recettes, Le secret des Vietnamiennes. Les recettes y sont le prétexte pour dépeindre les femmes de son entourage. Sans le savoir peut-être, elle trace un parallèle entre l’hospitalité vietnamienne et québécoise.

Kim_couvert« Dès que vous traversez le seuil d’une maison vietnamienne, écrit-elle, vous êtes immédiatement bombardé par la variation d’une seule et même question : “Tu as déjà mangé? Tu veux manger quelque chose?” »

La Longueuilloise a toutefois de nombreuses occasions d’admirer la campagne, ne serait-ce que pour visiter sa belle-famille à Roberval au Lac-Saint-Jean. Elle y apprécie tout particulièrement le chocolat aux bleuets des Pères trappistes, source d’ivresse et « qui devrait être nommé trésor national ».

Le voyage parfait entre le Lac et Montréal, décrit-elle, se compose d’une alternance entre ce chocolat et le fromage en crottes de la Fromagerie Perron, de Saint-Prime. Sa mère, qui ne mange pas beaucoup de fromage, « ne commande qu’une seule affaire », ce fameux fromage.

Au Marché Jean-Talon de Montréal, elle trouve facilement des herbes et légumes vietnamiens, comme la chayotte. Elle y fait aussi bonne provision d’ail québécois, le seul qu’elle parvient à digérer, ainsi que de cerises de terre. Allergique à l’alcool, elle admet se gaver de ces « petites cerises à la peau mince, pas les grosses ».  « J’achète une pleine boîte et j’en mange la moitié avant d’arriver à la maison. Je deviens soûle », confesse volontiers la gourmande.

Le summum de l’ivresse, indique-t-elle, ce sont pourtant les flocons d’érable « qui éclatent sur la langue ». L’écrivaine aime bien s’en délecter le soir quand elle écrit, ayant bien sûr noté qu’ils sont faibles en calories. Elle en rajoute par exemple sur un yogourt pour lui donner « une personnalité ».

« Des fois, décrit-elle, juste un peu de rouge à lèvres et vous avez la note. C’est la même chose pour le yogourt. »

Kim Thúy confie son étonnement devant la vitesse à laquelle les Québécois adoptent de nouveaux produits et légumes, claquant des doigts pour illustrer cette rapidité. À son avis, houmous, tofu, coriandre, chou frisé, bok choy et multiples variétés de roquette démontrent bien cette insatiable « curiosité ».

« On est magnifiques », conclut-elle.