Économie 1 décembre 2017

Le cannabis serait 10 fois moins cher dans les serres

Le cannabis cultivé dans les serres agricoles du Québec permettrait d’abaisser significativement le coût de production actuel du réseau de marijuana médicale. Québec s’en remet toutefois à Ottawa pour la réglementation de cette avenue.

« On pourrait vous le produire peut-être au dixième du coût actuel », a affirmé André Mousseau, président des Producteurs en serre du Québec (PSQ), qui présentait la position de son organisation en commission parlementaire concernant le projet de loi 157 sur le cannabis le 30 novembre. Il répondait à une question de la ministre Lucie Charlebois qui demandait si le coût de production des producteurs en serre permettrait d’être compétitif par rapport au marché illicite.

André Mousseau, président des PSQ, a défendu la possibilité de produire au moins 50 % du marché québécois de la marijuana au Québec. Crédit : Archives/TCN
André Mousseau, président des PSQ, a défendu la possibilité de produire au moins 50 % du marché québécois de la marijuana au Québec. Crédit : Archives/TCN

André Mousseau a par ailleurs évalué qu’il ne faudrait qu’à peu près 3 % des 300 hectares de serres disponibles chez nous pour approvisionner le Québec. Il s’agit d’un marché global d’environ 144 000 kg par année et de près de 300 à 500 M$, selon les prix actuels. Les PSQ proposent d’approvisionner 50 % de ce marché.

Les serres sont déjà réparties sur le territoire du Québec et pourraient approvisionner leur marché local. Les montants cités plus haut n’incluent pas le marché des plants pour les particuliers des autres provinces que le Québec, qui auront le droit d’avoir quatre plants à la maison.

Le président des PSQ évalue que ses membres produisent 150 $ de légumes au mètre carré. La même superficie pourrait faire pousser 5 000 $ de marijuana. Les PSQ se basent sur une production de 2 kg/m2. À 2,50 $ le gramme, cela représenterait des revenus de 5 000 $/m2. Les PSQ ont par ailleurs fait valoir qu’ils sont habitués à respecter des règles de salubrité et qu’ils pourraient introduire la traçabilité de même que la marijuana biologique. Les conditions de production de la marijuana en serre seraient en fait similaires à celles des chrysanthèmes.

« Pour nous, le cannabis est une production agricole à part entière et serait sous la réglementation de la Régie des marchés agricoles, comme tous les produits agricoles du Québec », a répondu André Mousseau, lorsque questionné sur la juridiction que devrait avoir la production de cannabis par les producteurs en serre. Le nouveau statut de microproducteur proposé par la réglementation fédérale est vue comme compatible avec la production en serre. Les producteurs auraient besoin de trois à quatre mois et d’obtenir un permis du fédéral ainsi que des contrats avec la nouvelle Société québécoise du cannabis pour faire une première récolte.

La ministre de la Santé publique, Lucie Charlebois, a finalement réitéré que les producteurs québécois devront se conformer aux règles de Santé Canada, tout comme le premier ministre Philippe Couillard. « Je n’ai aucune objection à ce que les serriculteurs cultivent le cannabis, mais c’est le fédéral qui doit rendre la décision, qui devra être prise bientôt. Je préfère aussi que ça soit produit au Québec », a affirmé Philippe Couillard à l’Assemblée nationale le 1er octobre. Il estime également que le Québec a un avantage à le faire en raison de ses tarifs d’électricité compétitifs.

« Un produit agricole est de compétence fédérale-provinciale », a rappelé André Mousseau en entrevue à La Terre.