Élevage 29 novembre 2017

« Tout le monde a besoin de nous autres »

Donald Rousseau a célébré son 63e anniversaire sans grand enthousiasme. L’Abattoir Rousseau, de Lingwick, qu’il a patiemment développé au cours de sa vie, est parti en fumée quelques jours plus tôt.

Son cœur et sa raison, admet-il, sont déchirés à l’idée de rebâtir. Il évalue la reconstruction à 3 ou 4 M$ au bas mot.

« Je suis prêt à repartir, mais je ne ferai pas 40 ans », confie-t-il à La Terre, fort conscient que la valeur de son bâtiment dépassait de trois ou quatre fois sa couverture d’assurance.

Le ministre de l’Agriculture, Laurent Lessard, dit avoir téléphoné à Donald Rousseau le 23 novembre, convenant qu’un projet de reconstruction de plus de 3 M$ pose tout un défi. Préoccupé par la situation, il affirme être à la recherche de solutions avec son service d’inspection, tout en souhaitant que de nouveaux abattoirs multiespèces soient mis en place.

« Il y a des territoires où c’est catastrophique », a admis Laurent Lessard à La Terre, notant au passage que lorsque l’on fait parcourir 700 km à un animal pour le faire abattre, il est difficile de parler d’achat local.

L’Abattoir Rousseau, une entreprise sous inspection provinciale, employait une douzaine de personnes, cinq jours par semaine. Donald Rousseau entrevoyait même l’avenir avec optimisme. Il venait tout juste de passer la commande d’une nouvelle boîte réfrigérée pour équiper son camion de livraison. À la suite de l’incendie, possiblement d’origine électrique, il a aussitôt mis « un stop » à ce projet.

« Je suis rendu à l’étape de faire le nettoyage », ajoute-t-il avec tristesse, précisant qu’il vient de recevoir la visite des inspecteurs de la compagnie d’assurance.

Donald Rousseau se désole aussi pour sa clientèle qui comptait sur ses services, tout spécialement en cette période de l’année. C’est justement la semaine dernière qui devait être la plus occupée de l’année. Un abattoir comme le sien, précise-t-il, n’affiche pas toujours complet, sauf durant trois ou quatre mois à l’automne.

« Tout le monde a besoin de nous autres », dit-il avec déception. 

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