Politique 29 novembre 2017

Ottawa ouvre la porte à la production agricole de cannabis

En dévoilant les grandes règles régissant la culture de cannabis, Santé Canada ouvre manifestement la porte à la production agricole de marijuana. C’est du moins l’interprétation qu’en fait l’Union des producteurs agricoles (UPA).

Relativement à l’adoption d’une position plus restrictive par le gouvernement provincial, les producteurs sonnent l’alarme : le train part sans eux.

Proposition d’Ottawa

Dans son cadre réglementaire sur le cannabis dévoilé le 21 novembre, Ottawa a classifié la production en quatre catégories : la culture standard à grande échelle, la microculture, les pépinières ainsi que la culture de chanvre industriel.

Santé Canada autorise aussi la culture en plein champ pour les quatre catégories de licences. Interrogé sur la question au Sommet sur l’Alimentation le 17 novembre, le ministre de l’Agriculture, Laurent Lessard, a cependant fermé cette porte en ce qui concerne les producteurs du Québec. « Ça va être produit en serre », a-t-il affirmé à Radio-Canada. Rappelons également que contrairement à Ottawa, Québec n’autorisera pas la production personnelle de cannabis, ce qui pénalise les producteurs en serre québécois qui y voyaient un potentiel intéressant de production de boutures et de vente de petits plants de marijuana aux consommateurs. Globalement, les politiques proposées par Québec jusqu’à maintenant sont plus restrictives que celles d’Ottawa.

Not made in Quebec

Le directeur général des Producteurs en serre du Québec, Claude Laniel, estime que la proposition d’Ottawa est conforme à ce que les producteurs souhaitaient. Patrice Juneau, porte-parole de l’UPA, considère que « si le gouvernement du Québec décide d’aller dans une autre direction, il devra expliquer aux producteurs en serre de chez nous pourquoi ils seraient les seuls agriculteurs canadiens à être écartés de ce marché à très haut potentiel ». Et comment faire comprendre aux consommateurs d’ici pourquoi le cannabis qu’ils consomment provient de producteurs canadiens et non québécois?

Pour sa part, Lucie Charlebois, la ministre chargée du dossier à Québec, n’a pas souhaité commenter l’approche fédérale. « On va prendre le temps de lire le document avant d’émettre nos observations », a expliqué son attachée politique, Bianca Boutin.

Prochaine étape

Les producteurs canadiens ont jusqu’au 20 janvier 2018 pour participer à la consultation sur les grandes règles de production d’Ottawa. Les commentaires seront examinés et orienteront l’élaboration des règlements en vue de la légalisation de juillet 2018, sous réserve de l’approbation du Parlement.