Régions 29 novembre 2017

Les abattoirs, une longue saga en Abitibi-Témiscamingue

On la retrouve dans les marchés, dans des boutiques spécialisées, mais il est pratiquement impossible d’en trouver dans les restaurants et les épiceries. Pas facile de consommer de la viande locale en Abitibi-Témiscamingue, une région dépourvue d’abattoirs provincial et fédéral depuis maintenant 12 ans.

Pas plus tard qu’en octobre dernier, la MRC de Témiscamingue a mobilisé ses troupes et manifesté pour réclamer du soutien de la part du gouvernement du Québec. Angèle-Anne Guimond, copropriétaire de l’Éden Rouge et responsable de la table champêtre de l’entreprise, était présente. « Nous avons comme mission de mettre en valeur des produits du Témiscamingue. Les touristes représentent 70 % de notre clientèle et comme nous avons beaucoup de producteurs, ils s’attendent à manger de la viande, mais ce n’est pas possible », déplore-t-elle.

Appuyée par la Conférence des préfets de l’Abitibi-Témiscamingue et l’Union des producteurs agricoles, la MRC de Témiscamingue propose que les producteurs de la région puissent faire abattre leurs animaux à Belle Vallée, en Ontario, à 3 km de la frontière du Témiscamingue. La réglementation actuelle ne permet pas que les animaux abattus à cet endroit reviennent par la suite pour être vendus dans les restaurants et les épiceries.

L’autre solution souhaitée serait que la Boucherie Des Praz, un abattoir de proximité de Rouyn-Noranda, devienne un établissement provincial. Les deux propriétaires ont, depuis un an, pris la relève de l’abattoir et de la Boucherie Donald Gélinas. Sylvain Fleurant et Christel Groux tenaient à pouvoir vendre leur viande aux consommateurs abitibiens. « On était tannés de ne pas avoir de lien avec les consommateurs », raconte la copropriétaire, Christel Groux. Selon elle, le Programme d’appui à la compétitivité des abattoirs régionaux (PACAR), dévoilé le 6 novembre dernier par le ministère de l’Agriculture du Québec ainsi qu’Agriculture et Agroalimentaire Canada, pourrait permettre à son entreprise d’acquérir le statut d’abattoir provincial.  

L’échec de l’abattoir mobile

À Macamic, dans l’ouest de l’Abitibi, les bœufs, veaux, porcs, agneaux et chevreaux de Clari Ferme parcourent plus de 1 200 km avant d’atterrir dans l’assiette des consommateurs. Ses éleveurs aimaient bien la formule qui existait au début des années 2000, soit l’abattoir mobile. « Ça allait très bien. C’était très pratique », se souvient la copropriétaire Réjeanne Veillette. L’abattoir mobile ne fonctionnait qu’une demi-journée par semaine. Devant le manque de volume, la formule est donc morte de sa belle mort. « Les agriculteurs ne l’utilisaient pas! » déplore Réjeanne Veillette. Elle dénonce du même coup l’abattage et le découpage clandestin dans plusieurs fermes de la région. « Il y en a, de la carcasse, dans le fond des rangs », déclare-t-elle.

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