Élevage 24 novembre 2017

Améliorer le confort à l’étable, est-ce rentable ?

Des matelas ultraconfortables bordés d’un édredon de litière dans des stalles queen size : rien n’est trop beau pour offrir un nid douillet aux vaches laitières. Les améliorations sur le plan du confort peuvent représenter des coûts importants pour une entreprise laitière. Mais au-delà des questions de bien-être animal, ces investissements sont-ils rentables? Autrement dit, que perd-on à négliger le confort des vaches à l’étable? 

Chez les vaches dont le logement n’est pas adéquat, les blessures et les boiteries sont plus fréquentes, les mouvements de lever et coucher sont diminués et le temps de repos devient insuffisant. Dans un nombre croissant d’études, tous ces indicateurs sont associés à un impact sur la productivité et la longévité des vaches.

Moins de confort, moins de lait, moins de lactations

Dans la première portion de cette étable conventionnelle (là où les vaches  sont couchées), on a troqué les barres d’attache contre des chaînes et ajouté  un garde-litière. Crédit photo : Clément Blais, Valacta
Dans la première portion de cette étable conventionnelle (là où les vaches sont couchées), on a troqué les barres d’attache contre des chaînes et ajouté un garde-litière. Crédit photo : Clément Blais, Valacta

« Pour chaque cas de boiterie, on observe une baisse de production de 424 L et les coûts associés se chiffrent à 527 $, en moyenne. » Dans les troupeaux en traite robotisée, les vaches boiteuses donnent 1,6 kg de lait de moins par jour. À l’inverse, chaque heure s’ajoutant aux 10 heures de repos de base prescrites représente 1,7 kg de plus par vache, par jour.  

Au Québec, les vaches quittent le troupeau après 2,4 lactations, en moyenne, alors qu’elles ont le potentiel d’une carrière au moins trois fois plus longue. D’après une étude de la Grappe de recherche laitière 1, les vaches en première et deuxième lactation dont le temps de repos est de neuf heures ou moins par jour ont un risque de réforme (élimination) involontaire plus élevé de 67 %. À six levers/couchers et moins, ce même risque augmente de 102 %.  

Les vieilles vaches en santé sont payantes

Selon les données de Valacta, très peu de vaches peuvent être rentabilisées avec une seule lactation, ou même deux. Dans une conférence du Symposium sur les bovins laitiers donnée en 2014, le professeur Doris Pellerin a démontré que dans un même troupeau, plus la longévité du cheptel augmente, plus les profits par jour de vie et par année sont importants. Et lorsque la production moyenne par vache est plus élevée, le profit par jour de vie est encore plus important et augmente encore davantage si les vaches durent plus longtemps dans le troupeau. 

« Si l’amélioration du confort permet de gagner une lactation, le coût du remplacement des vaches baisse de 38 % par année et la production de lait augmente de 4 % grâce à l’accroissement du pourcentage de vaches en troisième lactation et plus; tout ça sans agrandissement d’étable ni travail supplémentaire », calcule René Roy, agronome et agroéconomiste chez Valacta. Cela représente une augmentation de la marge de 37 000 $/an pour un troupeau de 70 vaches. 

« Si, en plus, le confort supplémentaire amène les vaches à passer plus d’heures couchées durant la journée, alors on pourra ajouter 5 % de production de lait pour chaque heure additionnelle. Ça se traduira par une augmentation de la marge de 17 000 $/an pour notre troupeau de 70 vaches, en plus du 37 000 $ déjà établi », ajoute-t-il.

Miser sur le confort pour produire plus et plus longtemps

Dans le contexte actuel d’une augmentation significative du droit de produire, les producteurs ont la possibilité de hausser les revenus de leur entreprise. L’amélioration du confort dans l’étable est certainement l’une des voies à emprunter pour augmenter la productivité des vaches et allonger leur vie productive. Selon l’agronome Steve Adam, expert en confort, comportement et bien-être chez Valacta, « il ne s’agit pas nécessairement de faire des changements majeurs ou d’investir dans de l’équipement coûteux : « un simple repositionnement de la barre d’attache ou l’ajout d’une quantité de litière additionnelle peut déjà faire une différence notable ». De plus, le Plan de soutien aux investissements en agriculture contribuant à l’adaptation des entreprises en matière de bien-être animal et d’efficacité énergétique, annoncé par le ministre Lessard le 3 novembre dernier, offre un appui financier aux producteurs qui désirent moderniser leurs installations de production.   

Julie Baillargeon, M. Sc., agronome