Forêts 15 novembre 2017

Les forestiers du sud du Québec négocieront collectivement

SHERBROOKE — Le Syndicat des Producteurs forestiers du Sud du Québec pourra négocier les conditions de vente du bois de sciage résineux avec les scieries.

Par une très forte majorité – 54 pour et 16 contre –, les délégués réunis au Centre de foires de Sherbrooke, le 9 novembre, ont approuvé cette négociation collective des prix et des volumes pour le bois de sapin et d’épinette.

« Je suis très content et c’est un moment historique, le plus dur restant à venir », a commenté le président du Syndicat, André Roy, à l’issue du vote secret. Devant une assistance d’environ 200 personnes, il a mentionné que les scieries payaient des primes, de sorte que les prix pouvaient varier de 5 à 10 % entre les producteurs. « C’est le bordel », a-t-il conclu.

Quelques producteurs forestiers ont manifesté leur opposition au projet, dont une association de défense qui dit regrouper environ 200 membres. Un des porte-parole du groupe, Daniel Duteau, a dit craindre une « instabilité des prix », soulignant que la Beauce et le Sud du Québec obtenaient déjà les meilleurs prix au Québec.

Richard Brulotte, autre porte-parole de cette association, a indiqué qu’il serait en faveur du projet, « mais avec de la concertation ». Il a déploré de ne pas avoir obtenu la liste des délégués avant l’assemblée, ce à quoi le Syndicat a répliqué qu’il lui était interdit de fournir des renseignements nominatifs. « C’est mon gagne-pain depuis 25 ans, alors que la plupart ici n’ont pas grand-chose à perdre », a confié Richard Brulotte à La Terre, précisant qu’il s’apprêtait à investir 1,5 M$.

Le représentant de la papetière Domtar, André Gravel, s’est pour sa part dit favorable à l’amélioration des conditions, mais par étapes. Il aurait d’abord préféré aborder uniquement les coûts de transport.

Les producteurs en faveur du projet ont pour leur part noté que la chute de prix des dernières années était reliée à une baisse de la concurrence, cinq acheteurs seulement se partageant aujourd’hui 90 % du marché. Irmin Ruff a révélé qu’il touchait le même prix qu’il y a 20 ans. Le pionnier du syndicalisme forestier Marius Blais a indiqué de son côté que le Syndicat allait négocier à l’avantage des petits, mais que les gros allaient aussi en profiter. « Depuis quatre ans, a-t-il affirmé, c’est la catastrophe. »

Le président de la Fédération de l’UPA-Estrie, François Bourassa, est venu appuyer le Syndicat, de même que le président de la Fédération des producteurs acéricoles du Québec, Serge Beaulieu.