À coeur ouvert 8 novembre 2017

En couple et associés

Avant, le rôle des femmes en agriculture consistait uniquement à veiller sur le bien-être des hommes (époux, frères, fils).

C’était le bon temps, diront avec plus ou moins de sérieux les messieurs. Quoi qu’il en soit, la société a bien changé et les femmes s’investissent maintenant activement dans plusieurs secteurs, dont celui de l’agriculture.

À coeur ouvertToutefois, le partage des tâches et de la gestion de la ferme entre conjoints comporte certains défis. « Travailler avec son conjoint, ce n’est pas du tout la même dynamique que rester avec lui », nous écrit une lectrice, associée avec son compagnon de vie dans une ferme laitière. Elle nous mentionne qu’ils se disputent fréquemment au travail et qu’il est difficile de faire la coupure une fois de retour à la maison.

En effet, il n’est pas évident de ne pas transposer dans la sphère conjugale les conflits qu’on a vécus dans la journée en tant qu’associés. Si l’on a eu une prise de bec au travail le samedi, il est sûr qu’on n’a pas envie de sortir les chandelles et la bouteille de vin au souper!

Une bonne communication est essentielle à la réussite de l’entreprise comme à celle de la vie de couple. C’est souvent perçu comme une perte de temps alors qu’au contraire, ça peut en faire gagner et qu’en plus, ça peut éviter des disputes. On n’attend pas d’être submergé de problèmes ou d’être toujours frustré ou fâché pour planifier des rencontres d’associés qui permettent de discuter des décisions à court, moyen ou long terme. Par exemple, si l’on sait que la chaîne de l’écureur est à changer et qu’on attend qu’elle lâche au moment où le dalot est plein de m… pour en discuter, il est fort probable que les deux parties vont s’énerver.

Q Je suis associée à parts égales avec mon conjoint dans une entreprise agricole. Je détiens le même diplôme que lui et pourtant, j’ai l’impression de ne pas être prise au sérieux par les représentants, les vendeurs ou les autres personnes qui veulent faire des affaires avec nous. C’est très frustrant! Avez-vous des conseils à me donner?

R Le fait que le métier d’agriculteur soit encore majoritairement perçu comme étant un monde d’hommes fait en sorte que l’apport des femmes dans les exploitations peut passer sous le radar. Pourtant, dans plusieurs entreprises, s’il n’y avait pas de femmes, il n’y aurait pas de ferme ou celle-ci serait complètement différente. Lorsque des représentants du monde agricole insistent pour ne parler qu’avec votre conjoint, celui-ci pourrait refuser de transiger avec eux et les retourner systématiquement à vous. Mais c’est aussi à vous de prendre votre place et de vous affirmer. Vous pouvez faire un essai avec le prochain représentant qui va vous demander : « Il est où le patron? » Répondez avec assurance : « C’est moi. » S’il vous dit qu’il veut parler au vrai patron, vous pouvez lui dire : « Si vous continuez, le patron va vous mettre dehors! »

Q J’entends beaucoup parler des Sentinelles qui interviennent dans le milieu agricole. Qui sont-elles?

R Les Sentinelles ne sont pas des intervenants ou des intervenantes. Ce sont des personnes qui font partie de l’entourage des producteurs et productrices, qui ont été formées pour détecter des signes de détresse chez un agriculteur ou une agricultrice. Elles sont là pour écouter et réconforter les gens en attendant que des intervenants spécialisés prennent la relève. Elles sont un relais vers les ressources d’aide.