Actualités 7 novembre 2017

Les microorganismes au service de l’agriculture durable

Depuis des générations, les agriculteurs québécois et canadiens ont adapté leurs pratiques aux spécificités géographiques et climatiques du territoire boréal, tout en demeurant respectueux de l’environnement.

Hiver rigoureux, inondations, grandes sécheresses et salinité de l’eau ne sont que quelques-uns des facteurs qui ont un impact direct sur les productions. Afin de nous adapter à ces conditions et de faire face aux risques, nous devons innover pour assurer la qualité de nos sols et, par conséquent, la qualité des aliments que nous consommons.

Une collaboration profitable

L’utilisation des microorganismes est actuellement étudiée afin de protéger et d’améliorer la santé et la durabilité de nos systèmes écologiques. Pour le secteur agricole, la microbiologie est utilisée au niveau de la décomposition des résidus de culture, du compostage et de la phytoprotection, entre autres.

Parmi les microorganismes qui favorisent la croissance des plantes, les bactéries rhizobium (microsymbiote) sont sans doute les plus connues, puisqu’elles entrent en symbiose avec les légumineuses. Comment? En formant des nodosités sur les racines par la fixation de l’azote de l’air, les rhizobiums favorisent la croissance des plantes et améliorent les rendements au champ. En échange, la plante fixe le CO2 de l’air dans les feuilles, et une partie des sucres produits sert à l’alimentation des rhizobiums formés.

L’interrelation et la régulation entre les légumineuses (aussi appelées macrosymbiotes) et les rhizobiums assurent une nutrition azotée efficace de la plante, permettant ainsi aux producteurs d’économiser sur le coût des engrais azotés de synthèse.

Contrer le stress des végétaux

Nous avons longtemps cru que face à un stress, l’amélioration génétique de la plante était la seule voie à privilégier. Or, nous avons découvert que le jumelage des bonnes bactéries avec les bonnes plantes permet d’augmenter la résistance de ces dernières, voire même leur survie, en période de grand stress. Il importe donc de mettre en corrélation les bons partenaires afin d’optimiser l’adaptation des plantes aux pressions de leur environnement.

La microbiologie agricole est essentielle à la protection de l’environnement, à l’amélioration des rendements, à la production de denrées saines et à l’obtention d’une agriculture durable. Notre défi est de taille, puisque les microorganismes sont si petits que leur contribution demeure difficile à observer. Nos travaux de recherche serviront à comprendre l’interrelation et l’entraide entre les plantes et les bactéries en période de grand stress, et ce, selon les différents contextes géographiques et climatiques du Canada.

 

Le monde microbien sous la loupe

Les projets de recherche en cours dans le laboratoire de François-P. Chalifour et de Chantal Beauchamp touchent à la physiologie des plantes et à la microbiologie agricole et sont réalisés en collaboration avec les chercheurs d’Agriculture et Agroalimentaire Canada et du Centre SÈVE. C’est par l’innovation que le domaine agricole répond aux besoins de la société. Ces projets permettent de comprendre comment le monde microbien contribue à la santé des systèmes écologiques.

Chantal Beauchamp, professeure au Département de phytologie