Actualités 16 novembre 2017

Un collier intelligent pour remplacer les clôtures

L’installation de clôtures pour gérer un troupeau pouvant s’avérer coûteuse, une compagnie australienne a conçu un collier connecté qui émet un signal sonore et même une décharge électrique – si besoin – pour maintenir les vaches dans un endroit désigné.

Le eShepherd (berger électronique), nouveau dispositif développé par l’entreprise Agersens, promet de « produire plus, tout en réduisant les coûts ». Il s’adresse principalement aux producteurs dont les terres s’étendent sur plus de 100 hectares. Contrôlé via une application mobile sur un téléphone intelligent, le collier permet de déplacer, rassembler ou tout simplement surveiller les vaches dans la zone de pâturage que l’éleveur a déterminé.

Un GPS intégré à chaque collier permet de localiser l’animal, qui reçoit un signal audio lorsqu’il s’approche de la clôture virtuelle ou lorsque l’éleveur décide de déplacer la zone. Si la vache tente de franchir les limites, le collier émet une décharge électrique. Celle-ci est inférieure à celle d’une clôture électrique, affirme-t-on sur le site Web de l’entreprise. Selon Agersens, la vache réussit à comprendre le fonctionnement du signal sonore en l’espace de 24 à 48 heures.

Le dispositif possède également d’autres fonctionnalités, qui permettent notamment de repérer les zones de pâturage propices au broutage et de détecter si l’animal ne bouge pas ou est en détresse.

Intérêt au Québec?

L’idée de créer une clôture virtuelle répond à un besoin spécifique à l’Australie de préserver certaines espèces autochtones comme les kangourous et les autruches, susceptibles de se blesser avec les barbelés des clôtures classiques.

Avec l’utilisation du collier, le risque de lacérations et de blessures causées par une clôture est du coup éliminé. Mais dans le cas des vaches, ces accidents se font plutôt rares, affirme Gaétan Bonneau, agronome et conseiller en production animale et bovine au ministère de l’Agriculture (MAPAQ) Montérégie-Est. D’après ses observations, ils tendent toutefois à survenir lorsque la bête est ciblée par un prédateur, un loup par exemple.

L’agronome croit d’ailleurs que le collier permettrait aux éleveurs d’intervenir plus rapidement lorsqu’un animal se sent attaqué. « Un des problèmes que les producteurs ont avec les veaux naissants, c’est la prédation de l’urubu à tête rouge [aussi appelé vautour aura]. Depuis une dizaine d’années, on en voit un peu partout en province. Lorsqu’une vache est en train de vêler, ils peuvent vouloir manger le placenta et attaquer le veau », raconte-t-il.

De plus, il est possible d’ajouter d’autres fonctionnalités sur l’application du collier, dont celles permettant de détecter l’œstrus [les chaleurs], souvent utilisées par les producteurs laitiers, explique Ian Reilly, ingénieur chez Agersens, dans un article publié sur le site Sheep Central.

Si cette technologie ne semble pas être utilisée actuellement au Québec, elle pourrait être envisagée par des producteurs, compte tenu des coûts d’installation et d’entretien des clôtures, estime M. Bonneau. Le eShepherd coûte entre 60 et 90 $ selon la taille de l’animal, en plus des frais d’installation.