Politique 12 octobre 2017

La CMM, l’UPA et les environnementalistes défendent les terres agricoles

MONTRÉAL — Le maire de Montréal et président de la Communauté métropolitaine de Montréal (CMM) unit sa voix à celles de l’Union des producteurs agricoles (UPA), d’Équiterre, de Vivre en ville et de la Fondation David Suzuki pour mettre un frein à la poursuite de l’étalement urbain dans la grande région métropolitaine.

« La région dispose de suffisamment d’espace pour ses besoins en développement, au moins jusqu’en 2031. C’est pour cette raison que nous avons demandé au gouvernement du Québec de maintenir le Plan métropolitain d’aménagement et de développement [PMAD] pour une période de 10 ans », a déclaré Denis Coderre, président de la CMM, qui a récemment salué l’annulation du projet de pipeline Énergie Est.

Cette déclaration a suivi de peu une conférence de presse des organisations citées plus haut, organisée le 12 octobre. Cette coalition voulait lancer un « signal d’alarme » relativement à des gestes d’exception du gouvernement, qui peuvent faire espérer aux promoteurs qu’il puisse y avoir encore plus de dézonage dans la CMM. L’adoption en 2012 d’un PMAD devait pourtant protéger la zone agricole de la région. L’espace pour construire 350 000 logements est en effet déjà disponible sans dézonage.

Karel Mayrand, de la Fondation David Suzuki, Marcel Groleau, de l’UPA, Steven Guilbault, d’Équiterre, et Christian Savard, de Vivre en ville. Crédit photo : Thierry Larivière/TCN
Karel Mayrand, de la Fondation David Suzuki, Marcel Groleau, de l’UPA, Steven Guilbault, d’Équiterre, et Christian Savard, de Vivre en ville. Crédit photo : Thierry Larivière/TCN

2 000 ha menacés dans la CMM

« J’interpelle le ministre Lessard afin qu’il se lève devant ses collègues pour s’opposer au projet de loi 85 et défendre le PMAD », a lancé Marcel Groleau, président de l’UPA, en conférence de presse. Le projet de loi 85 évincerait 640 ha du processus décisionnel de la Commission de protection du territoire agricole du Québec [CPTAQ] pour développer des projets de logistique. L’UPA a répertorié des demandes connexes dans les municipalités visées par ce projet de loi, ce qui porte les terres menacées de dézonage à 1 000 ha. S’ajoutent à ce chiffre d’autres projets annoncés dans la CMM, qui ciblent 1 000 ha de plus. L’UPA estime donc que 2 000 ha sont menacés par les projets en cours dans la CMM.

« La récréation est finie; ça va faire le niaisage. On est en 2017 », a lancé Steven Guilbault, directeur principal d’Équiterre, qui pense que certains politiciens sont « hypocrites » quand ils parlent de développement durable d’un côté et soutiennent l’étalement urbain en zone agricole de l’autre.

« Le gouvernement du Québec contourne de plus en plus la CPTAQ », a affirmé Karel Mayrand, directeur de la Fondation David Suzuki au Québec, qui enjoint au gouvernement de cesser d’esquiver sa loi en adoptant d’autres lois.

« On sent la pression sur le territoire agricole revenir dans toute la couronne de Montréal », estime Christian Savard, directeur général de Vivre en ville, qui craint que des promoteurs trouvent toutes sortes de moyens pour dézoner plus de terres.

Steven Guilbaut, d’Équiterre, a dénoncé l’« hypocrisie de notre classe politique » quant à la protection des terres agricoles. Crédit photo : Thierry Larivière/TCN
Steven Guilbaut, d’Équiterre, a dénoncé l’« hypocrisie de notre classe politique » quant à la protection des terres agricoles. Crédit photo : Thierry Larivière/TCN