Actualités 14 septembre 2017

Le panic érigé, un type de litière rentable

Depuis plus de 10 ans, les céréales à paille ont cédé davantage d’espace au soya et au maïs sur les terres agricoles du Québec, créant ainsi une certaine pression à la hausse sur le prix de la paille utilisée comme litière.

Employé surtout comme fourrage par nos voisins du Sud, le panic érigé peut être une solution de remplacement intéressante à la paille de céréales comme litière pour les vaches laitières. Cette plante vivace de climat chaud présente des rendements nettement supérieurs à ceux des céréales, soit jusqu’à 8-10 tonnes de matières sèches par hectare sous les conditions climatiques du Québec. De plus, comme cette culture requiert peu de fertilisation et d’entretien, ne semble pas particulièrement atteinte par des maladies et peut persister jusqu’à 15 ans avant d’être remplacée par une autre culture, on peut penser qu’elle est peu coûteuse à produire. Mais tous les avantages de cette transition potentielle se refléteraient-ils réellement dans le portefeuille des producteurs laitiers?

Impact économique mesuré

Un groupe de l’Université Laval a réalisé une étude dont l’objectif principal était de déterminer l’impact économique du remplacement de la litière conventionnelle telle que paille de céréales ou ripe par le panic érigé dans les fermes laitières commerciales de la province.

Dix entreprises agricoles réparties sur le territoire, qui ont adopté celui-ci comme litière depuis au moins un an, ont été visitées afin de recueillir leurs données.

À la suite de la création de budgets partiels personnalisés pour chaque ferme, les résultats obtenus démontrent que 80 % des entreprises laitières étudiées présentent une marge nette positive après avoir introduit cette graminée. Toutefois, la rentabilité de l’utilisation du panic érigé n’était pas principalement liée aux rendements de cette culture. Ce sont plutôt les résultats enregistrés avec les cultures ajoutées aux superficies ou supprimées de celles-ci qui ont été déterminants, selon la production ou l’achat de l’ancien type de litière. En moyenne, les fermes qui produisent leur paille de céréales auraient besoin d’un rendement moyen de plus de 3,7 t/ha en grains pour que la transition vers la production de paille de panic érigé ne soit plus avantageuse, ce qui dépasse significativement les rendements moyens actuels au Québec pour les céréales à paille.

Aussi, l’adoption du panic érigé en guise de litière n’a pas d’impact sur le confort des vaches et le compte de cellules somatiques du lait. D’après les producteurs laitiers consultés, les principaux avantages liés à l’utilisation du panic érigé comme litière sont les rendements élevés de celui-ci, l’emploi de la même machinerie que celle utilisée pour la culture de plantes fourragères, la récolte au printemps plutôt qu’à l’automne, l’absence de grains dans la paille et de vermine dans les greniers, ainsi que la diminution des opérations culturales due à la longue persistance de la plante.

Anick Raby, agr., en collaboration avec Doris Pellerin et Marianne R-Villettaz, de l’Université Laval