Actualités 4 août 2017

Intérêt marqué pour l’utilisation de fongicides cette année

François et Sylvain Gauthier appliquent des fongicides chaque semaine dans leur champ de pommes de terre situé à Coteau-du-Lac, en Montérégie-Ouest. Les plants garnis de tubercules laissent présager une bonne récolte, mais les producteurs craignent que le surplus d’eau qu’ils connaissent depuis le début de la saison cause de la pourriture aqueuse.

Alors, ils les traitent plus fréquemment qu’à l’habitude. Ces traitements représentent des coûts supplémentaires de plusieurs milliers de dollars, sans oublier la facture environnementale… 

Leur voisin Vital Bourbonnais redoute quant à lui la sclérotinia dans sa culture de soya. Il appliquera une deuxième dose de fongicides dans quelques jours, pour les mêmes raisons.

Des conseillers présents dans différentes régions ont fait part à La Terre de l’intérêt marqué des producteurs à traiter des cultures avec des fongicides cette année. Si ces intentions se concrétisent, l’objectif du ministère de l’Environnement de diminuer l’utilisation des pesticides en milieu agricole pourrait en prendre un coup.   

Une année à maladies fongiques

La chercheuse en phytopathologie Sylvie Rioux confirme que les conditions humides qu’ont connues plusieurs régions depuis le début des semis se révèlent propices au développement de maladies fongiques. « Il y a en effet une bonne pression de maladies cette année », observe-t-elle.

La chercheuse conseille cependant aux agriculteurs de bien évaluer la situation avant de traiter. Elle mentionne à ce sujet que l’application de fongicides procure des gains de rendement seulement une année sur trois en moyenne. Mme Rioux fait d’ailleurs remarquer qu’en moyenne, si l’on calcule le coût de l’application, les traitements engendrent un réel gain économique dans seulement 10 % des champs traités. Par contre, les conditions de cette année pourraient justifier l’utilisation de fongicides dans certaines cultures.

Deux conseils

La chercheuse conseille aux agriculteurs de bien mesurer les bénéfices de leurs applications de fongicides, en laissant des bandes non traitées au centre du champ. Ensuite, il suffit de calculer la différence de rendement et de dresser des comparaisons sur plusieurs années afin d’évaluer la rentabilité de ces traitements. Elle recommande aussi de varier le type de fongicide utilisé lors des différents traitements pour diminuer les risques de résistance.