À coeur ouvert 19 juillet 2017

Bye bye les vacances !

Vous avez sûrement déjà entendu la blague suivante. Un fils de producteur laitier, jeune professionnel, mentionne à son père par téléphone qu’il a travaillé 40 heures la semaine précédente. Son père lui répond : « OK, pis t’as fait quoi après mercredi? » Cette histoire illustre les nombreuses heures de travail auxquelles sont soumis les agriculteurs, comparativement au reste de la société.

À la suite de notre chronique sur le bien-être, une productrice nous a indiqué sa frustration à ce sujet. « Justement, parlons-en de bien-être. Nous, nous ne comptons pas nos heures à la ferme, sept jours sur sept, et bye bye les vacances! » Une autre agricultrice a écrit : « Pourquoi ne pas parler des couples qui travaillent depuis plusieurs années sans congés? En 26 ans, on n’a même pas eu 15 jours de vacances ensemble au total. Je ne suis jamais partie avec les enfants. »À coeur ouvert

Cette épineuse question du nombre d’heures de travail en agriculture et de l’absence de vacances s’explique par plusieurs facteurs : présence continuelle requise à la ferme dans les productions animales, difficulté d’accès à une main-d’œuvre de remplacement qualifiée et abordable, culpabilité de prendre des vacances ou impossibilité de s’en offrir l’été durant le congé scolaire des enfants alors qu’on est en pleine activité, incapacité de juste penser à ne rien faire, etc.

Nous y reviendrons dans une autre chronique, mais d’ici là, nous aimerions vous faire réfléchir à la question : est-ce que l’herbe est toujours plus verte chez le voisin ou si elle en a seulement l’air? Parfois, pour amoindrir sa frustration, il est bon de se rappeler les aspects positifs du métier d’agriculteur.

Q J’ai installé un robot pour m’enlever de l’ouvrage, mais j’aimais ça faire la traite. Ça me manque beaucoup de ne plus avoir de contact direct avec mes vaches. Que faire?

R Il faut que vous trouviez une façon de combler ce manque, de ressentir le réconfort que vous procurait le contact avec vos animaux pendant la traite. Par exemple, vous pouvez prendre plus de temps pour les brosser, les nettoyer, les tondre. Vous pouvez aussi continuer à travailler sur la génétique de vos vaches. De plus, vous aviez sûrement des préférées. Ça ne change pas, même si c’est un robot qui les trait.

Q Qu’est-ce qu’on fait pour ne pas être super frustré chaque fois que des plans en vue d’un congé sont annulés à cause d’imprévus à la ferme?

R C’est vrai que c’est difficile de prévoir des vacances en agriculture. Ce n’est pas évident puisque vous êtes à la merci de la météo, de la nature et du vivant. Bien des imprévus peuvent survenir et mettre soudainement les projets de congés en péril. Pour éviter les grandes frustrations, il est souhaitable d’envisager des plans B, C et D. Souvent, notre façon de penser est trop compliquée. Improviser une activité de dernière minute peut être plaisant, comme un après-midi cinéma en pleine semaine quand il pleut. Vous pouvez aussi partir avec les enfants; votre conjoint vient vous rejoindre par la suite. Faire du camping dans votre municipalité et même sur votre terre constitue également une bonne idée. Ainsi, il est possible pour toute la famille de dormir dans la roulotte ou la tente et de décrocher.