Actualités 11 juillet 2017

Produire plus avec moins d’eau : le défi des producteurs de fraises du Québec

L’utilisation rationnelle de l’eau est une préoccupation croissante en agriculture. Les producteurs doivent adopter de nouvelles méthodes d’irrigation afin d’améliorer l’efficacité d’utilisation de cette ressource tout en assurant une productivité optimale de leur culture.

Si certains producteurs se fient toujours à leurs observations personnelles pour déterminer quand irriguer, plusieurs ont franchi le pas vers une gestion plus précise des irrigations. Résultat? L’utilisation des tensiomètres dans le sol transférant l’information en temps réel est plus efficace que la régie utilisant l’évapotranspiration pour évaluer les besoins en eau afin de déclencher l’irrigation. « Cette approche permet d’économiser de l’eau en évitant l’asphyxie de la culture et en réduisant le lessivage, et facilite également le maintien de la culture dans une gamme optimale de tension du sol », explique le professeur et agronome Jean Caron, qui a dirigé la Chaire de recherche industrielle CRSNG-Hortau en irrigation de précision.

Les travaux de son équipe de recherche ont permis d’enregistrer une augmentation de rendement de 11 % par rapport à l’irrigation gérée à l’aide de taux d’évapotranspiration et d’évaluation visuelle, en plus d’amener une diminution de 10 % de l’utilisation de l’eau sur une dizaine de sites de recherche au Québec et en Californie.

Le professeur Jean Caron et son équipe de recherche ont élaboré une méthode de gestion locale novatrice de l’irrigation. Crédit photo : FSAA
Le professeur Jean Caron et son équipe de recherche ont élaboré une méthode de gestion locale novatrice de l’irrigation. Crédit photo : FSAA

Irrigation fractionnée

Au Québec, 42 % de la production de fraises est cultivée sur les séries de sols Saint-Nicolas et Orléans, composées en grande partie (30 à 70 %) de sable et de schistes grossiers, qui sont considérés comme très drainants. Dans cette situation particulière, l’irrigation fractionnée (deux fois par jour) a permis d’augmenter la productivité de l’eau utilisée par rapport à l’irrigation non pulsée. « Au lieu d’effectuer une seule irrigation de 45 à 60 minutes, les applications sont de plus courte durée, soit de 20 à 30 minutes, et le temps entre chacune est d’une à trois heures », explique Jean Caron.

Grâce à cette méthode, les rendements commercialisables ont augmenté de 12 %, sans qu’il soit nécessaire d’utiliser plus d’eau. Malgré les coûts que peut entraîner l’achat de pompes supplémentaires et de technologies tensiométriques sans fil, les analyses économiques de l’équipe de recherche ont révélé que l’investissement était hautement rentable, car les bénéfices engendrés par la technologie par rapport à la pratique conventionnelle étaient supérieurs aux coûts additionnels qui lui étaient associés.

« De manière générale, la période de récupération de l’investissement est inférieure à un an et un gain de rendement aussi faible que 350 kg ha-1 est suffisant pour générer un délai de récupération égal à la durée de vie utile de l’équipement », conclut le professeur Caron.

La palme au Québec

Alors que la Californie produit à elle seule plus de 90 % des fraises des États-Unis, le Québec remporte la palme au Canada, assurant plus de 50 % de la production nationale. En Amérique du Nord, la culture des fraises se fait majoritairement sous paillis de plastique, afin de faciliter le contrôle des mauvaises herbes et de garder les fruits propres.