Actualités 17 juillet 2017

Deux nouvelles mauvaises herbes à surveiller

Deux mauvaises herbes exotiques inquiètent l’Agence canadienne d’inspection des aliments : l’égilope cylindrique – repérée en Ontario et en Colombie-Britannique – et la morelle jaune, retrouvée dans deux États américains bordant cette dernière province.

Voyons comment reconnaître et contrer ces deux plantes désormais très répandues aux États-Unis.

L’égilope cylindrique (Aegilops cylindrica, de son nom scientifique) est une graminée apparentée au blé et à quelques herbes canadiennes de cette famille. Son nom lui vient de l’épi cylindrique et étroit qui termine sa tige. Cette mauvaise herbe est particulièrement difficile à éliminer de nos champs de blé, compte tenu de ses points communs et sa capacité à se croiser avec cette culture (en particulier avec le blé d’hiver).

L’égilope cylindrique est originaire du sud-est de l’Europe et de l’ouest de l’Asie. En raison de leur taille semblable, ses graines contaminent facilement les semences de blé, et c’est là leur principale voie de dissémination. De plus, elles voyagent sur la machinerie agricole et se mêlent aux grains, aux semences ou à la paille.

« Au Canada, on n’a observé l’égilope cylindrique que dans deux provinces, la Colombie-Britannique et l’Ontario, mais pas dans une zone cultivée, heureusement », relate Mélanie Gauthier, spécialiste opérationnelle des végétaux à l’Agence canadienne d’inspection des aliments (ACIA). « En Ontario, on l’a localisée le long de la voie ferrée, non loin d’un centre d’importation de grains, précise Mme Gauthier. Les lieux contaminés sont surveillés de près, mais cette adventice pourrait facilement infester toutes les zones de culture du blé au Canada. »

De son côté, la morelle jaune (Solanum elaeagnifolium) appartient à la famille des solanacées. Cette plante originaire du nord-est du Mexique et du sud-ouest des États-Unis a donc un air de parenté avec la pomme de terre, la tomate et l’aubergine. Cette voyageuse a fait de l’auto-stop autour du monde sur de multiples « véhicules » : aliments pour animaux, semences des cultures, terre, plantes ornementales, bétail, fumier et machinerie agricole notamment. Les oiseaux, les animaux terrestres, le vent et l’eau ont aussi dispersé ses graines.

La morelle jaune, en bordure d’une route près de Goodsprings, au Nevada. Elle pourrait s’étendre à tout le sud du Canada. Crédit photo : Stan Shebs; licence d’attribution Creative Commons Share Alike 3.0 Unported.
La morelle jaune, en bordure d’une route près de Goodsprings, au Nevada. Elle pourrait s’étendre à tout le sud du Canada. Crédit photo : Stan Shebs; licence d’attribution Creative Commons Share Alike 3.0 Unported.

Les fleurs de la morelle jaune sont bleues, violettes ou blanches, à centre jaune, et ressemblent à celles de la pomme de terre. Mais ses feuilles sont différentes : en forme de lance, à bord uni souvent ondulé, elles arborent un léger duvet qui leur donne une teinte argentée. Comme son nom l’indique, ses fruits ronds sont jaunes à maturité, mais peuvent aussi se teinter de brun.

La morelle jaune se retrouve dans plusieurs cultures : luzerne, maïs, sorgho, blé, pomme de terre, tomate et asperge, décrit Mme Gauthier. « Ses baies contiennent de nombreuses graines qu’elles peuvent disséminer en se collant sur divers supports », précise la spécialiste.

Sous haute surveillance

Pour le moment, la morelle jaune a été signalée dans les États de Washington et de l’Idaho, donc au sud de la Colombie-Britannique. « Cette mauvaise herbe est moins rustique que l’égilope cylindrique, mais elle pourrait devenir une nuisance dans tout le sud du Canada, d’un océan à l’autre », souligne Mélanie Gauthier.

L’égilope cylindrique et la morelle jaune sont deux plantes envahissantes réglementées par le gouvernement fédéral en vertu de la Loi sur la protection des végétaux et de la Loi sur les semences. Sur le territoire canadien, il est donc interdit d’importer ou de faire circuler ces végétaux ou toute partie de ceux-ci servant à la multiplication.

« Les producteurs agricoles jouent un rôle primordial, souligne Mme Gauthier. Nous leur demandons de communiquer avec l’ACIA dès qu’ils soupçonnent la présence d’une plante envahissante réglementée sur leurs terres. Cela permet de prévenir les infestations autant dans leurs champs que dans toute leur région. On peut nous envoyer des échantillons ou encore des photos. » Aussitôt que les agents de l’ACIA confirment la présence d’une intruse, ils évaluent sur place l’ampleur de l’infestation.

Comment repousser les visiteuses

Les mesures de biosécurité prises à la ferme sont cruciales. « L’idéal est de commencer par s’approvisionner en grain et en paille propres, ainsi qu’en semences certifiées, recommande Mme Gauthier. Une autre précaution importante : nettoyer les roues des tracteurs, des voitures à grain, des outils aratoires et de la moissonneuse-batteuse, pour ne pas semer ces mauvaises herbes d’un champ à l’autre. »

L’ACIA procède de son côté à des inspections dans les centres d’importation et de distribution des grains, les champs des agriculteurs, et partout où les visiteuses risquent de prendre racine. « Cette surveillance de la part de tous, c’est pour le bien collectif. Et il est toujours plus économique de prévenir que de guérir », conclut Mélanie Gauthier.