Vie rurale 22 juin 2017

Miser sur un employé pour la relève à la ferme

SAINT-PRIME — La relève entrepreneuriale ne s’improvise pas, surtout quand on implique un employé qui ne fait pas partie de la famille. C’est pourquoi Christian et Daniel Taillon ont entrepris un processus complet de planification stratégique et financière pour assurer le futur de leur entreprise.

Les frères Taillon ont toujours eu à cœur d’inclure les employés dans l’organisation et la prise de décision au sein de leur ferme. En 2011, comme il n’y avait aucune perspective de relève dans la famille, ils se sont tournés vers un de leurs travailleurs, Olivier Milot, qui jouait un rôle de leader dans l’entreprise.

Pour bien intégrer Olivier en tant qu’actionnaire, ils ont réalisé avec l’aide de professionnels un plan stratégique permettant de cerner la mission, la vision et les valeurs de la ferme spécialisée dans la production de lait et de céréales biologiques pour l’alimentation humaine. Tous les employés ont été rencontrés pour bien gérer le changement. Cette planification a aussi permis d’élaborer une convention d’actionnaires et de déterminer à quel moment les frères Taillon délaisseraient le pouvoir décisionnel. « Beaucoup d’entreprises ont des problèmes avec la relève, parce que les vieux ne veulent pas partir et bloquent le développement », lance Christian en riant. C’est donc à 65 ans (dans 8 et 9 ans) que les frères Taillon deviendront minoritaires, avant de se retirer complètement à 70 ans.

Une occasion en or

Olivier Milot n’a pas hésité longtemps avant d’accepter cette occasion en or. « Les fermes valent tellement cher que je ne pensais pas devenir propriétaire un jour », soutient le jeune homme de 28 ans, qui a toujours travaillé d’arrache-pied dans l’entreprise.

La rentabilité de la ferme a aussi facilité le transfert, car Olivier peut rembourser l’achat des actifs à même les profits générés par l’entreprise. L’intégration d’un jeune joueur a aussi poussé la Ferme Taillon à investir 1,5 M$ dans de nouveaux bâtiments laitiers en 2015, puis 2,5 M$ pour faire l’achat de 283 hectares de terres, sur un total de 770 ha de terres cultivées (160 en location).

Depuis un an, Francis Taillon, fils de Daniel et ami d’enfance d’Olivier, fait aussi partie des plans de relève de l’entreprise, car après avoir travaillé plusieurs années à l’hôpital de Roberval, il a redécouvert le plaisir de travailler à la ferme familiale.

La préparation de la relève fonctionne si bien que les frères Taillon estiment qu’ils sont maintenant facilement remplaçables… ce qui leur permet de prendre des vacances en toute tranquillité!

La Ferme Taillon a été sélectionnée par le Centre d’emploi agricole de la Fédération de l’UPA du Saguenay–Lac-Saint-Jean pour représenter cette région dans le cadre de Ma ferme, mon monde, la bonne idée en gestion des ressources humaines, une initiative d’AGRIcarrières.