Économie 13 juin 2017

La dette agricole grimpe plus vite au Québec

De 2015 à 2016, la dette agricole du Québec a bondi de 11 % pour atteindre 16,5 G$. Seule la Saskatchewan s’est endettée plus rapidement que la Belle Province. Ces données de Statistique Canada n’inquiètent pas les grands prêteurs.

« C’est une augmentation appréciable. Par contre, il faut regarder ça en fonction de la valeur des actifs et des revenus agricoles, nuance Jean-Philippe Gervais, économiste agricole en chef à Financement agricole Canada (FAC). Le principal facteur de la capacité des entreprises agricoles à payer leurs dettes, c’est le revenu net. »

Jean-Philippe Gervais.  Crédit photo : Archives/TCN
Jean-Philippe Gervais. Crédit photo : Archives/TCN

Au Québec, les recettes financières totales ont d’ailleurs augmenté de 6,5 % en 2016, alors que le revenu net au comptant a crû de 30 %. Les entreprises sont donc bien positionnées pour absorber cette hausse de l’endettement. Et bien que le ratio entre la dette et la valeur des actifs ait augmenté, il demeure inférieur à la valeur historique. « On commence à voir que la solidité financière se détériore un petit peu, mais l’agriculture se porte très bien », résume M. Gervais.

« Avec le temps, le poids de la dette par rapport aux revenus a augmenté de façon graduelle. Les liquidités sont plus serrées pour les entreprises », constate aussi Marjolaine Carrier, analyste de marché agricole et agroalimentaire chez Desjardins. En moyenne, la santé financière demeure très bonne, précise-t-elle.

Cycle d’investissements

L’augmentation de la dette au Québec s’explique par plusieurs facteurs, notamment la hausse du prix des terres. « Il y a également beaucoup d’investissements dans la technologie. Le secteur laitier est reparti », témoigne Jean-Philippe Gervais. « L’environnement économique est favorable. Les producteurs investissent », mentionne Mme Carrier. Elle souligne l’importance de ne pas improviser ses emprunts. « Les projets sont importants et l’endettement aussi. L’ajout d’un ou de deux robots de traite dépasse facilement le million de dollars. Il n’y a pas de place à l’erreur », insiste l’analyste (voir encadré).

La hausse de la dette agricole n’inquiète pas outre mesure la Banque Nationale. « De façon générale, les marges sont serrées, mais la santé financière est encore assez robuste pour appuyer les investissements, explique Patrick Lemelin, vice-président à l’agriculture. Il y a eu beaucoup de projets, la grande majorité pour l’expansion et la modernisation. Ce sont des investissements productifs », note-t-il. Le secteur laitier s’avère particulièrement effervescent. « Les carnets de commandes des fournisseurs sont pleins jusqu’aux fêtes », conclut M. Lemelin.

Testez vos projets

Avant de s’endetter davantage pour un projet, Marjolaine Carrier, analyste de marché agricole et agroalimentaire chez Desjardins, recommande de réaliser une analyse de sensibilité avec différents scénarios. Voici quelques paramètres de l’équation qui peuvent varier selon ces derniers :

– taux d’intérêt;

– taux de change;

– prix des intrants;

– prix des denrées agricoles.