Actualités 19 juin 2017

Le lève-vache, pour aider vos protégées à rester à la hauteur

L’élévateur à vache, ou lève-vache, est un outil précieux. Une vache allongée trois ou quatre heures dans la même position par suite d’un stress court un autre danger : sa circulation sanguine est entravée dans les pattes postérieures, qui risquent des lésions musculaires et nerveuses.

Soulever ou faire flotter

Il existe trois grands systèmes pour soulever les vaches : la piscine portative, le serre-hanche et les sangles, résume le vétérinaire Gilles Fecteau dans un article du Producteur de lait québécois publié en janvier-février 2017.

La « piscine » est un compartiment à portes amovibles rempli d’eau tiède. C’est une approche douce bien tolérée par l’animal. Toutefois, notre climat et l’aménagement de nos étables en compliqueraient l’emploi chez nous, croit le Dr Fecteau, professeur et chercheur à la Faculté de médecine vétérinaire de l’Université de Montréal.

Le serre-hanche, ou « pince », agrippe les deux côtés de la hanche de l’animal. Mal utilisé, il peut être dommageable, surtout chez nos colossales ruminantes d’aujourd’hui. De plus, la pince exige une surveillance régulière : déjà, au bout d’une dizaine de minutes, un animal affaibli peut se laisser suspendre par les hanches, ce qui peut lui faire beaucoup de tort. Des fabricants ingénieux ont d’ailleurs conçu des lève-vaches qui combinent serre-hanche et une ou deux sangles supportant le corps de l’animal.

Le lève-vache à sangles est assez répandu dans nos fermes. La plupart des modèles reprennent le prototype mis au point en 1975 par André Dallaire. Cet ancien agriculteur de Sainte-Hénédine a eu l’idée d’enrouler autour de deux tuyaux rotatifs les chaînes qui abaissent et soulèvent les sangles. Truc astucieux, c’est la perceuse de l’atelier de ferme qui fait tourner les tuyaux, par le biais d’une boîte d’engrenage.

« Petit à petit, nous et d’autres fabricants avons perfectionné cet appareil de base », relate Guimond Dallaire, fils d’André Dallaire et propriétaire de Dallaire Aluminium. L’entreprise de Sainte-Hénédine offre aujourd’hui des modèles faits de ce métal.

Une troisième sangle plus étroite est parfois ajoutée aux deux sangles traditionnelles, comme sur la plupart des exemplaires d’Équipements P.F.B. « On insère les pattes postérieures entre celle-ci et la grande courroie arrière pour mieux tenir la vache en place », explique Pierre Blanchard, président de cette entreprise de Wickham.

À savoir pour le troupeau au pâturage : un fabricant américain propose un lève-vache sur roues.

Autre modèle de lève-vache sur lequel la sangle arrière est doublée d’une sangle plus étroite que l’on glisse derrière les pattes arrière. Crédit photo : Gracieuseté des Équipements P.F.B.
Autre modèle de lève-vache sur lequel la sangle arrière est doublée d’une sangle plus étroite que l’on glisse derrière les pattes arrière. Crédit photo : Gracieuseté des Équipements P.F.B.

L’art de soulever la patiente

« Le lève-vache à sangles s’assemble facilement à une ou deux personnes dans l’allée, entre les rangées de vaches, décrit Justin Dumont, employé chez Équipement Dallaire. On le transporte ensuite au-dessus de l’animal. » Les sangles sont glissées sous la vache au moyen d’un crochet flexible à bout arrondi ou d’une tige ronde auxquels sont fixées les chaînes tenant les sangles. « Il faut agir délicatement, en tirant sous les pattes ou les extrémités du corps de l’animal pour placer les sangles sous son ventre, poursuit Guimond Dallaire. Puis le levage est effectué graduellement. »

Le lève-vache à sangles exige lui aussi la présence de l’éleveur : la vache affaiblie se laisse souvent suspendre au lieu de faire des efforts, prévient le Dr Fecteau. « On maintient la vache debout pendant des périodes de 10 à 20 minutes pour qu’elle se dégourdisse les pattes sans se laisser pendre, avec juste assez de tension pour la soutenir au cas où elle retomberait », suggère à cet effet M. Blanchard.

« Pendant qu’une personne s’occupe de la relever, une autre en fait le tour pour l’examiner », conseille Guimond Dallaire. Le Dr Fecteau précise que la période du levage est aussi l’occasion de nettoyer l’animal.

Un des signes que notre infortunée est redevenue solide sur ses onglons? « Quand elle essaie d’avancer dans le lève-vache, par exemple », répond M. Blanchard.

Si la vache se tient debout pendant un maximum de cinq à dix minutes, un relevage serait justifié deux à quatre fois par jour. Si elle reste debout pendant deux ou trois heures, alors un seul relevage quotidien suffirait.

Une vache toujours chancelante après un levage doit rester au repos sur une bonne couche de litière propre. Tout en la retournant toutes les quatre à six heures, on lui fournira eau et aliments. Le levage pourra reprendre deux à trois jours plus tard.

Dans tous les cas, une vache étendue pendant de longues heures sans changer de position requiert l’intervention rapide du vétérinaire. Parfois, ce professionnel peut exiger de ne pas effectuer de levage. « Le secret, c’est de réagir vite », concluent unanimement le Dr Gilles Fecteau, Guimond Dallaire et Pierre Blanchard.