Bio 5 juin 2017

Une table où le bio progresse

Saint-Bruno-de-Montarville — La Table de développement de la production biologique se révèle un succès, estiment les nombreuses personnes qui y prennent part.

Elle permet à des groupes de producteurs et à de multiples intervenants, incluant des représentants des gouvernements provincial et fédéral, de faire progresser collectivement la production biologique québécoise.

Pour la petite histoire, rappelons que la création de la Table, il y a deux ans, est venue mettre un terme à deux situations d’inconfort. Premièrement, la Fédération d’agriculture biologique du Québec affiliée à l’UPA avait de la difficulté à recruter des membres et à assurer sa survie financière. « La Fédération fonctionnait avec une contribution volontaire des producteurs et on a toujours été pris avec des problèmes financiers. Maintenant, c’est l’UPA qui assure le salaire de la ressource temps plein [l’agronome Jérôme-Antoine Brunelle] et chaque groupe spécialisé défraie les coûts du représentant qu’il envoie à la Table. Ça nous permet de nous concentrer sur les enjeux de la production plutôt que de courir après le financement », explique Gérard Bouchard, producteur biologique et ancien président de la Fédération.

Le deuxième inconfort était d’ordre politique et provenait du fait que la Filière biologique du Québec (FBQ), qui désirait encadrer la production agricole, jouait dans la cour de l’UPA. « C’est vrai qu’il y avait une petite compétition entre la Filière et l’UPA. Mais on a tous compris qu’ensemble, on peut faire de plus grandes choses qu’individuellement. Aujourd’hui, la Filière est membre de la table de l’UPA; c’est un travail de collaboration », précise Daniel Dubé, président de la FBQ. « Les gens de la Fédération essayaient de tout faire de leur côté et ceux de la Filière essayaient aussi de tout faire de leur côté : maintenant, ils travaillent ensemble », résume Jérôme-Antoine Brunelle, coordonnateur de la Table.  

Le bilan

Une dizaine de rencontres ont eu lieu depuis deux ans, réunissant chaque fois de 20 à 30 intervenants. Si personne ne peut réellement quantifier l’impact de la Table sur la hausse des volumes d’aliments biologiques produits, plusieurs sont d’avis que le train est en marche. « Quand le transformateur de légumes Bonduelle nous a dit qu’il voulait du bio, on s’est organisés en conséquence », commente Jérôme-Antoine Brunelle. Il ajoute que la Table conscientise et inspire les différents secteurs de production. « J’ai vu progresser la collaboration entre les groupes de production. Si je prends l’exemple des producteurs de lait, ils viennent d’adopter un plan de développement spécialisé pour le bio. Lorsqu’ils l’ont présenté à la Table, d’autres secteurs de production, comme l’acériculture, leur ont posé des questions et envisagent maintenant de suivre leur exemple. »

Des techniques qui bénéficient à tous

L’émulation des techniques est également au cœur des sujets abordés. Des résultats de recherche et des exemples d’innovations à la ferme sont partagés à la Table afin d’améliorer la régie de culture biologique dans tous les secteurs. Ces techniques n’aident pas seulement les producteurs bio, elles servent aussi aux producteurs sous régie conventionnelle. Le producteur de fraises Olivier Simard, de l’Estrie, était justement présent à la dernière séance de la Table, le 10 mai dernier, à Saint-Bruno-de-Montarville, en Montérégie. « Je ne veux pas devenir bio, mais je viens ici par intérêt pour de nouvelles techniques me permettant de diminuer l’utilisation de pesticides. De plus, je viens prendre le pouls de l’évolution du marché bio et de sa réglementation. Comme ça je pourrai relayer l’information lorsque je rencontrerai des producteurs bio de ma région », explique celui qui est également administrateur à l’Association des producteurs de fraises et framboises du Québec.