Environnement 1 mai 2017

Semis 2017 – De la boue et du retard

Les producteurs de grains situés ici et là au Québec sont prêts, mais miss Météo tarde à donner le signal de départ pour les semis 2017.

Et les prévisions ne sont guère positives. « Le sous-sol n’a jamais séché. La terre est humide et il y a beaucoup de boue dans les champs. On va être au moins deux semaines en retard sur l’an dernier. C’est assez ordinaire », dépeint Sylvain Joyal, au nord de la Montérégie.

Plus au sud, David Noiseux attend aussi le beau temps. « On avait prévu de semer une quarantaine d’hectares de blé et rien n’est fait. À partir du 5 mai, il y aura des pertes de rendements significatives si ce n’est pas encore semé », argue-t-il. Sans oublier ses 1 100 hectares de soya et de maïs dont les semis pourraient être retardés compte tenu des prévisions météo. « On espère que les météorologues se trompent. Sauf que normalement, on connaît une mauvaise année aux cinq ans. Les chances sont bonnes que ce soit cette année! » philosophe M. Noiseux, sans se faire du mauvais sang pour autant.

Au Centre-du-Québec, Anton Buhlmann mentionne que les semis sont habituellement déjà entamés, en date du 28 avril. « Cette année, il y a des champs où c’est impensable actuellement de semer. Dans les bons champs, on serait quasiment prêts à commencer, mais la pluie annoncée risque de tout gâcher », fait-il remarquer. M. Buhlmann, qui travaille pour une entreprise spécialisée dans les travaux à forfait, soutient que le retard dans les semis pourrait compliquer la logistique des prochaines semaines.

Dans l’est du Québec, plus précisément à Saint-Alexandre-de-Kamouraska, la neige recouvrait encore certains bords de champ. Le jeune Yves Gagné, qui cultivera près de 2 500 acres, demeure optimiste. « Au pire, on travaillera juste plus d’heures, jour et nuit, s’il le faut », commente-t-il. Au Saguenay–Lac-Saint-Jean, les terres ne sont également pas prêtes pour les semis.

Départ canon pour le blé d’automne

La survie du blé semé l’automne demeure toujours une source d’angoisse pour les agriculteurs, mais bonne nouvelle : on prévoit très peu de mortalité en 2017. « La sortie du blé d’automne est excellente, et ce, partout au Québec », évalue Rudy Laixhay, qui supervise environ 4 000 hectares de cultures de blé d’automne à travers la province. Il explique ce résultat par la couverture de neige qui est tombée avant le gel, laquelle est demeurée en place tout l’hiver dans les régions périphériques. L’eau a ainsi percolé facilement au printemps.

Seule ombre au tableau : le surplus actuel d’eau. « Il y a des champs où des lacs se sont formés dernièrement. Il ne faudrait pas y faire du kayak trop longtemps, car les racines pourraient être asphyxiées », souligne le spécialiste. Des plants immergés plus de trois à cinq jours pourraient ainsi mourir.

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