Alimentation 28 avril 2017

Lent départ pour les alcools québécois en épicerie

L’arrivée en épicerie des vins et des cidres au taux d’alcool supérieur à 7 % se fait lentement.

En fait, les détaillants n’ont pas été en mesure de profiter pleinement de la meilleure période de l’année pour les alcools, en décembre, puisque les règles qui découlent du projet de loi adopté en mai 2016 ont tardé à être connues. Le début des ventes est arrivé tard en décembre.

« Le timing n’était pas bon et les vignerons n’avaient pas produit plus de vin », explique Jason Gaouette, propriétaire d’un IGA à Saint-Césaire et l’un des premiers épiciers à profiter de la nouvelle opportunité offerte par la Loi sur le développement de l’industrie des boissons alcooliques artisanales (loi 88).

Celui-ci a tout de même commencé rapidement avec les produits de trois vignobles et des produits supplémentaires de deux cidriculteurs. « C’est sûr que je développe les vins et les cidres du Québec. C’est dans mes valeurs », a lancé M. Gaouette.

Encore jeune

« C’est encore jeune et tous ne sont pas au même point », explique Pierre-Alexandre Blouin, vice-président des affaires publiques à l’Association des détaillants en alimentation du Québec (ADA), qui n’a pas de compilation des chiffres de vente de tous les détaillants pour le moment.

La bannière Metro a frappé un grand coup dès le départ avec une pleine page de circulaire illustrant 10 vins québécois. Une partie des stocks des vignerons ciblés a donc été accaparée d’un coup. « Je ne trouve pas que c’est la bonne approche », commente Jason Gaouette. L’épicier a d’ailleurs réalisé des ententes avec sept ou huit vignobles et entrepris des discussions avec autant d’autres.

« En tablette, [le produit québécois] c’est moins cher, mais avec la taxe, ça revient souvent au même prix que la SAQ », indique Jason Gaouette. La majoration élevée de la SAQ, qui est de plus de 200 % sur les vins, ne s’applique pourtant pas sur le vin et le cidre québécois vendu en épicerie. « En théorie, il y a un avantage considérable pour eux en épicerie », estime d’ailleurs l’épicier.

La section de cidres du Québec est mieux garnie qu’avant. Crédit photo: Ariane Desrochers/TCN
La section de cidres du Québec est mieux garnie qu’avant. Crédit photo: Ariane Desrochers/TCN

Bon potentiel

Autant Jason Gaouette que Pierre-Alexandre Blouin s’entendent néanmoins pour dire que ce n’est qu’un début. « Ce sont les balbutiements. Dans cinq ans, la partie va être différente. Les volumes vont augmenter », estime Jason Gaouette.

Déjà, un épicier de Laval dispose d’un îlot de 12 pieds de large de produits québécois. Les épiciers de Montérégie, d’Estrie, de l’île d’Orléans et de la couronne nord de Montréal sont en avance sur les autres régions parce qu’ils sont près des zones de production.

L’ADA précise tout de même que plusieurs épiciers de toutes les régions travaillent sur des projets pour mettre en place de « belles sections ». Plusieurs y voient une diversification intéressante des produits dans la catégorie alcool, même si les volumes sont relativement modestes à court terme.

« C’est une bonne nouvelle pour l’industrie », a commenté Linda Bouchard, porte-parole de la SAQ, à propos de l’arrivée des vins du Québec en épicerie.

Rappelons que la société d’État est aussi présente chez les épiciers avec sa bannière SAQ Alimentation de vins importés embouteillés au Québec.

La provenance bien en vue

Jason Gaouette travaille sur un moyen de mettre en évidence la provenance québécoise des vins et cidres dans son magasin avec une languette, un en-tête ou une carte tablette. Des dégustations et de la publicité sont aussi prévues. « On va prouver qu’on n’est pas dans les ligues mineures même si certains ont la SAQ tatouée sur le cœur », lance l’épicier de Saint-Césaire, qui a bon espoir de voir la production québécoise augmenter au fil des ans pour pouvoir approvisionner les épiceries.

Les détaillants aimeraient par ailleurs pouvoir offrir les alcools artisanaux fortifiés (certains alcools d’érable, mistelles ou hydromels), ce qui ne fait pas partie de la nouvelle loi.