Alimentation 25 avril 2017

La traçabilité, gage de succès pour éviter la fraude alimentaire.

Les cas de fraude alimentaire sont nombreux au Québec. La traçabilité permet de limiter les cas: 

oeufsLes cocos protégés

Avez-vous remarqué un code apposé sur les œufs du Québec achetés à l’épicerie? En tapant celui-ci sur le site Internet www.oeuf.ca dans la case prévue à cet effet, le consommateur découvre, en vidéo, l’agriculteur qui les a produits. « Le Québec est le seul territoire en Amérique du Nord où il est obligatoire de coder les œufs. On le fait d’abord pour protéger notre production d’œufs contre une crise sanitaire », dit Benjamin Gagnon, conseiller aux communications à la Fédération des producteurs d’œufs du Québec. Il cite en exemple les États-Unis qui, faute d’avoir pu retracer la source, ont dû détruire 500 millions de douzaines d’œufs à la suite d’un cas de contamination à la bactérie Salmonella. La traçabilité de chaque œuf permet aussi de conscientiser les consommateurs à l’achat d’œufs québécois. « De 20 à 500 personnes par jour viennent sur notre site pour voir quelle est la ferme qui a produit leurs œufs. Ça crée un lien qui démarque nos œufs de ceux des producteurs d’ailleurs », ajoute M. Gagnon.

homard

Retracer son homard jusqu’au pêcheur

Les pêcheurs de la Gaspésie ont pris les grands moyens pour rassurer les consommateurs sur l’origine de leurs homards et sur les méthodes de pêche employées. Depuis 2012, chaque crustacé est identifié à l’aide d’un code de traçabilité. Les consommateurs inscrivent ce code sur le site www.monhomard.ca et visionnent une vidéo du pêcheur qui l’a capturé.  

« Avec le code de traçabilité, nous voulons nous rapprocher des consommateurs et nous distinguer de la compétition. Aussi, nous voulons démontrer que notre homard est issu d’une pêche certifiée durable qui respecte la ressource, ce qui n’est pas le cas partout », indique Claire Canet, chargée de projets du Regroupement des pêcheurs professionnels du sud de la Gaspésie. Les consommateurs apprécient le concept, comme en témoigne le million de pages vues dans l’onglet de traçabilité.

Avis aux intéressés, les premiers débarquements de homards sont arrivés le 23 avril.

bovins

Voir la ferme d’où provient sa barquette de viande hachée

Une équipe de l’Université Queen’s, au Royaume-Uni, a testé avec succès un système de codes QR que le consommateur peut balayer avec son téléphone intelligent avant d’acheter une barquette de viande. Aussitôt, des informations s’affichent à l’écran, notamment le nom de l’éleveur, la race de l’animal, la distance parcourue jusqu’à l’abattoir et la date de l’abattage.

« Bien sûr que les gens n’ont pas le temps de scanner chaque produit qu’ils achètent à l’épicerie, mais nous avons remarqué que le simple fait de rendre disponibles ces informations donne confiance aux consommateurs, ce qui accroît les intentions d’achat », révèle Moira Dean, professeure à l’Université Queen’s.

Elle conseille aux éleveurs de se démarquer de leurs compétiteurs d’autres pays, dont la viande importée est moins chère, en misant sur un étiquetage à code QR qui, en plus de sécuriser le consommateur contre la fraude alimentaire, personnalise l’achat.

 

whiskyProtéger son whisky, même à l’étranger

Le whisky écossais est l’objet de fraude à l’échelle internationale, un fléau associé à des pertes estimées à 335 M$ pour les distilleries du Royaume-Uni. « À cela s’ajoutent les dommages à la réputation du whisky écossais. En effet, une personne qui consomme une imitation de notre whisky peut avoir une mauvaise expérience et, par la suite, elle ne voudra plus acheter de whisky écossais, même du vrai », fait remarquer Shona Glancy, gestionnaire du service d’analyse au Scotch Whisky Research Institute, situé au Royaume-Uni.

Décidée à ne pas laisser l’un des produits phares de son terroir se faire copier, la Scotch Whisky Association a mis en place une équipe d’inspecteurs et d’avocats qui parcourent le globe afin de sévir contre les fraudeurs de whisky écossais, révèle Mme Glancy.

Frustration au Québec

Le concept d’étiquetage basé sur les codes QR pourrait facilement être implanté au Québec, car les éleveurs de bovins, de moutons et de cervidés sont déjà encadrés par un système de traçabilité. Le Québec fait même figure de pionnier en matière de traçabilité dans ces élevages. « Actuellement, le problème, c’est qu’une fois l’animal abattu, on perd l’information; le morceau de steak provenant d’un bœuf est mélangé dans un lot. Pourtant, ce serait faisable [d’indiquer précisément de quelle ferme provient la viande] et des projets-pilotes ont déjà été effectués, mais faute de volonté commerciale des distributeurs, le concept est tombé à l’eau. C’est d’ailleurs une frustration pour les éleveurs d’ici », explique Marie-Christine Talbot, directrice d’Agri-Traçabilité Québec (ATQ).

Rappelons que le système de traçabilité dans les fermes a été développé à des fins sanitaires, c’est-à-dire qu’en cas de contamination, les lots peuvent être segmentés et retracés.

VOIR AUSSI
Le Québec multiplie les initiatives pour se protéger