International 24 avril 2017

La Coop fédérée s’en prend aux « prédateurs agroéconomiques »

La Coop fédérée a publié une lettre au premier ministre du Canada sur une pleine page dans six grands journaux du pays pour défendre la gestion de l’offre qui « ne doit pas être une monnaie d’échange » dans les négociations commerciales, qui s’amorcent avec les États-Unis.

Cette lettre, publiée dans Le Devoir, La Presse+, Le Journal de Montréal, Le Journal de Québec, l’Ottawa Citizen et The Globe and Mail, a suscité plusieurs réactions et entrevues.

« Le cri du cœur d’aujourd’hui, c’est qu’on ne peut pas restreindre l’agriculture à une série de colonnes et de chiffres », a lancé Ghislain Gervais, président de La Coop fédérée en entrevue à la Terre. Ce dernier estime que les valeurs propres à notre agriculture sont « proches » des valeurs canadiennes. « Le modèle d’agriculture qu’on veut, c’est un choix de société », affirme Ghislain Gervais, qui pense qu’on ne doit pas se laisser dicter ce choix par l’étranger.

« Ce sont les déclarations de M. Trump qui nous a décidés à intervenir, mais aussi les commentateurs politiques et les journalistes d’influence qui attaquent régulièrement la gestion de l’offre. On sent que nos membres, les producteurs agricoles du Québec et de l’est de l’Ontario, sont inquiets », a expliqué Ghislain Gervais, président de La Coop fédérée.

Prédateurs agroéconomiques

La lettre défend vigoureusement le modèle canadien de gestion de l’offre contre les « prédateurs agroéconomiques », qui veulent « maximiser davantage leurs profits en entrant dans nos fermes et nos supermarchés ». La lettre parle même des « ayatollahs du libéralisme économique », qui ne cessent de prêcher pour la fin de la gestion de l’offre. La Coop souligne les 9,2 G$ de chiffre d’affaires des coopératives regroupées en son sein, ce qui provient de 90 000 membres et de 18 000 employés. Ne pas défendre la gestion de l’offre causerait donc un dommage important aux économies régionales du Canada.

« La position de M. Trudeau jusqu’à présent nous rassure. Il a réagi correctement et a affirmé que la négociation va se baser sur des faits. On va quand même être vigilants au cours des prochains mois », a ajouté Ghislain Gervais, qui parle de mobilisation à l’automne.

La Coop s’affaire déjà à des rencontres politiques et dans d’autres secteurs. Un argumentaire économique sera développé. D’autres transformateurs agroalimentaires sont aussi des alliés potentiels. « On a des discussions avec d’autres joueurs du secteur agroalimentaire autant québécois que canadien et il y a une préoccupation assez importante », confirme le président.

 

Les propos de Justin Trudeau

Le 20 avril, le premier ministre Justin Trudeau a répondu à une question sur l’attaque de Donald Trump à l’égard du secteur laitier. En voici la traduction :

« Ne prétendons pas que nous sommes dans un libre marché global lorsqu’il est question d’agriculture. Tous les pays protègent leur agriculture pour de bonnes raisons. Nous avons un système de gestion de l’offre qui fonctionne très bien ici au Canada. Les États-Unis et d’autres pays choisissent de subventionner à coup de millions sinon de milliards de dollars leur industrie agricole, incluant leur secteur laitier. Différents pays ont différentes approches et nous allons nous engager dans une conversation sérieuse basée sur les faits, sur la façon d’aller de l’avant tout en protégeant nos consommateurs et nos producteurs agricoles. »