Économie 21 avril 2017

L’UPA n’accepte pas que l’« argent des Québécois » serve à Pangea

L’Union des producteurs agricoles (UPA) n’accepte pas que la Caisse de dépôt et placement du Québec (CDPQ) et le Fonds de solidarité FTQ investissent 10 M$ chacun dans le fonds d’achat de terres Pangea.

La nouvelle révélée par Le Devoir le 21 avril fait état d’un investissement global de 50 M$ pour soutenir les activités de Pangea, dont 10 M$ du Fonds de solidarité et 10 M$ de la CDPQ. Les 30 M$ qui restent proviendraient d’investisseurs privés. Les prochains investissements de Pangea sont prévus à Montmagny et à Saint-Rosaire, près de Victoriaville.

« Cette participation financière de la Caisse et du Fonds de solidarité, deux organismes mis en place grâce aux fonds publics, représente une concurrence insoutenable et déloyale qui empêchera, au bout du compte, le développement des entreprises familiales et de la relève », a déclaré le président général de l’UPA, Marcel Groleau, qui ajoute que le gouvernement du Québec doit « bloquer immédiatement cette transaction ».

Même son de cloche du côté de la Fédération de la relève agricole du Québec (FRAQ). « C’est un véritable coup de poignard dans le dos des jeunes producteurs », a lancé Michèle Lalancette, présidente de la FRAQ. « La CDPQ et le Fonds FTQ doivent immédiatement se retirer de ce projet destructeur pour les entrepreneurs québécois. J’interpelle le gouvernement du Québec pour qu’il bloque cette transaction et qu’il investisse directement dans l’entrepreneuriat agricole. »

L’UPA fait valoir que Pangea a effectué plus de 50 % des transactions au Saguenay–Lac-Saint-Jean en 2013-2014 et que la valeur moyenne des terres, telle que compilée par La Financière agricole du Québec (FADQ), a augmenté de 32 % en 2014. En plus de l’injection de fonds de la CDPQ et du Fonds FTQ, l’UPA fait valoir que Pangea, qui fonctionne avec des coentreprises, peut obtenir du soutien de la FADQ puisqu’en se divisant, elle ne dépasse pas la limite imposée pour certains programmes de soutien. Le modèle de Pangea prévoit un partage des revenus (51 % pour le producteur) issus des terres qu’elle achète, mais celles-ci demeurent la propriété du fonds d’investissement par la suite. Il peut donc être très ardu pour le partenaire agriculteur de racheter les terres une fois qu’il sera mieux établi.

La Terre n’a pas été en mesure de parler à Pangea au moment de publier, mais Le Devoir rapporte les propos du président de cette entreprise, Serge Fortin, qui estime que celle-ci « croit vraiment aux entrepreneurs agricoles en région » et qu’elle paie la valeur marchande sans faire de surenchère sur le prix des terres lorsqu’un producteur a déposé une meilleure offre. L’UPA nie cette affirmation qui est impossible à vérifier puisque les offres d’achat des terres ne sont pas publiques.

« Modèle alternatif »

Le Fonds de solidarité de la FTQ défend sa décision. « Nous invitons Pangea à continuer à échanger avec l’UPA », a néanmoins déclaré Patrick McQuilken, porte-parole du Fonds, qui ajoute que Pangea représente un « modèle alternatif et complémentaire pour la relève ». Le porte-parole affirme que 80 % des partenaires de l’entreprise sont des jeunes de la relève, ce qui démontrerait un besoin. Lorsque interrogé sur l’impact pour la relève de la hausse du prix des terres liée aux achats de ce fonds d’investissement, Patrick McQuilken affirme « laisser Pangea se prononcer là-dessus ».

La CDPQ n’avait pas répondu à la Terre au moment de publier.