Élevage 21 janvier 2019

Régionaliser pour contrer la peste porcine africaine

Le Canada et les États-Unis touchent du bois : la peste porcine africaine (PPA) n’a pas franchi leurs frontières. Mais l’industrie canadienne est sur ses gardes et demande au gouvernement de se préparer au pire pour éviter de pénaliser toute la filière.

Frontières

Si un seul cas de PPA était découvert en Colombie-Britannique, l’Agence canadienne d’inspection des aliments fermerait les frontières du Canada au grand complet, craignent les producteurs. « Environ 70 % de nos produits sont exportés. Ce serait catastrophique », a expliqué en décembre le président des Éleveurs de porcs du Québec, David Duval, lorsque interrogé à ce sujet par La Terre. Les pertes s’élèveraient à 4 G$ pour le pays.

Les éleveurs canadiens ont déjà fait des représentations auprès du gouvernement fédéral pour demander de régionaliser le pays, avec une division est-ouest, plus précisément à West Hawk Lake, près de la frontière entre le Manitoba et l’Ontario. « S’il était possible qu’une portion de la production canadienne puisse continuer d’être exportée parce qu’on a un moyen de contrôle de la maladie à l’intérieur du pays, c’est quelque chose qui aiderait à diminuer la crise », indique le deuxième vice-président au Conseil canadien du porc (CCP), René Roy. Cela pourrait s’avérer complexe, puisque le mécanisme est géré par les Nations Unies et pour l’appliquer, le Canada doit s’entendre avec les autres pays importateurs et exportateurs. 

D’ailleurs, si les ports sont étroitement surveillés, la filière porcine canadienne demande au gouvernement d’embaucher trois fois plus de chiens renifleurs dans les aéroports du pays. Les voyageurs transportant illégalement de la viande contaminée dans leurs valises seraient, selon le CCP, le vecteur principal de propagation du virus. Ce dernier « reste vivant très longtemps, même dans la viande fumée ou séchée », indique M. Roy.

Compensations

La question des compensations a également été mise sur la table, puisque le programme fédéral en place ne permettrait pas aux éleveurs de passer à travers la crise, selon M. Roy. Un tel événement nécessiterait des fonds extraordinaires, plaide M. Roy. Bien que la PPA ne soit pas dangereuse pour l’homme, aucun vaccin n’est disponible pour les animaux et le taux de mortalité atteint 80 à 90 %.