Élevage 18 avril 2017

Vers une pénurie de vétérinaires au Québec

Il manque de vétérinaires spécialisés dans le traitement des grands animaux au Québec.

C’est le constat qu’a posé la Faculté de médecine vétérinaire de l’Université de Montréal. Les vagues de départs à la retraite, le placement rapide de tous les étudiants dès l’obtention de leur diplôme et le manque de praticiens en région sont symptomatiques d’un enjeu de plus grande envergure. « On s’en va vers une pénurie », affirme le vice-doyen au développement, aux communications et aux relations externes de la Faculté, Émile Bouchard.

Recrutement ardu

En région, le recrutement est ardu, selon le directeur général de l’Association des médecins vétérinaires praticiens du Québec (AMVPQ), Michel Savard. Pour attirer de nouveaux candidats spécialisés dans le soin des grands animaux, il faut compétitionner avec l’offre des autres secteurs de la médecine vétérinaire. « Présentement, le secteur des petits animaux octroie de meilleurs salaires et est beaucoup plus flexible quant à l’horaire de travail », explique M. Savard. Celui-ci constate que 80 % des finissants proviennent de la ville et que plusieurs sont moins attirés par les horaires atypiques avec lesquels il faut jongler en médecine des grands animaux.

Qualité de vie

La qualité de vie est en effet devenue primordiale pour la jeune génération de vétérinaires, car pour l’instant, « l’obligation du service de garde 24 heures sur 24, 7 jours sur 7, peu importe les conditions climatiques, n’est pas ce qu’il y a de plus attirant pour les jeunes », explique M. Savard.

Le secteur des grands animaux est en compétition avec celui des petits pour attirer de nouveaux vétérinaires.
Le secteur des grands animaux est en compétition avec celui des petits pour attirer de nouveaux vétérinaires.

Selon la Faculté, la croissance rapide du nombre d’étudiants qui avaient été admis il y a une trentaine d’années serait l’une des causes de la pénurie qui se dessine. « Ces gens-là prennent leur retraite ou la prendront prochainement, explique M. Bouchard. On se rend compte qu’il faut deux personnes pour remplacer un vétérinaire de ces années-là. »

Il y a aussi la féminisation de la profession qui est en cause, car « près de 40 % de nos membres sont des femmes, ajoute M. Savard. En raison de la conciliation travail-famille et de l’obligation d’offrir un service de garde, il est important que le nombre de médecins vétérinaires par clinique soit le plus grand possible afin de pouvoir maintenir un service de qualité ».

Formation

Pourtant, les programmes incitatifs qui visent à attirer les étudiants fonctionnent. Les demandes d’admission ont bondi de 600 à 900 par année en 10 ans, même si la Faculté n’admet que 96 candidats par cohorte. En moyenne, seulement 88 d’entre eux obtiennent leur diplôme et tous ne pratiquent pas en clinique. Selon M. Bouchard, les finissants reçoivent de plus en plus de demandes pour travailler en santé publique et en recherche.

« On n’a pas fait d’analyses poussées pour savoir s’il manquait de vétérinaires, mais quand il y a tant de demandes et que tout le monde se trouve un emploi à la fin de ses études, on constate que c’est le cas », ajoute-t-il.

Quant à lui, M. Savard hésite à parler de pénurie. « Pour le moment, c’est le statu quo », se contente-t-il de dire. À l’Ordre des médecins vétérinaires du Québec, on reste vague. «  Nous observons occasionnellement des pénuries, qui sont bien souvent temporaires », affirme son président, Joël Bergeron. Ce dernier se dit néanmoins favorable à une augmentation de la cohorte d’étudiants.

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