Actualités 16 avril 2017

La lutte biologique au service de l’agriculture conventionnelle

L’utilisation de prédateurs n’est plus seulement l’affaire des producteurs de cultures en serre ou biologiques.

Anatis Bioprotection est une entreprise spécialisée dans la production d’insectes bénéfiques et de biopesticides. On y multiplie les innovations et le développement de solutions de remplacement aux produits de synthèse destinés de plus en plus aux productions en champ.

« Les trichogrammes, des guêpes parasitoïdes qui tuent les œufs des insectes ravageurs, sont utilisés sur près de 30 % du maïs sucré au Québec », donne en exemple Mylène St-Onge, directrice de production à Anatis Bioprotection. Dans le maïs sucré, les trichogrammes sont très efficaces contre la pyrale du maïs, assez pour que les producteurs notent des augmentations de rendement et de qualité de leur produit. Le ministère québécois de l’Agriculture souhaite d’ici deux ans avoir converti 200 productions de maïs sucré aux trichogrammes. Ainsi, par le biais du programme Prime-Vert, les producteurs pourront être accompagnés dans leur transition de l’utilisation de pesticides vers celle de guêpes parasitoïdes. Toujours selon le ministère, les superficies en maïs sucré au Québec couvrent 10 000 hectares et nécessitent jusqu’à quatre pulvérisations d’insecticides annuellement. Cependant, l’un des freins majeurs à l’adoption des trichogrammes est leur application au champ. Il faut de 30 minutes à une heure par hectare en main-d’œuvre pour distribuer les trichogrammes. C’est pourquoi Anatis Bioprotection effectue des essais de largages de trichogrammes avec des drones.

« Nous avons fait des essais de lâchers de trichogrammes en vrac et en capsule dans trois fermes en 2016. L’été prochain, nous allons poursuivre nos essais et l’Institut de recherche et développement en agroenvironnement testera les lâchers en vrac dans quatre fermes supplémentaires », indique Mylène St-Onge. En plus de l’espèce de trichogrammes utilisée dans le maïs sucré, Anatis Bioprotection en produit deux autres : une pour les crucifères et l’autre pour les vergers afin de lutter contre le carpocapse de la pomme. En foresterie, on s’intéresse aussi aux trichogrammes produits par l’entreprise et des essais auront lieu cet été pour tester leur efficacité dans la lutte à la tordeuse des bourgeons de l’épinette.

Dans le maïs sucré, les trichogrammes sont distribués manuellement dans les champs. Pour réduire les besoins en main-d’œuvre, Anatis Bioprotection effectue des essais de lâchers de trichogrammes par drone. Crédit photo : Anatis Bioprotection
Dans le maïs sucré, les trichogrammes sont distribués manuellement dans les champs. Pour réduire les besoins en main-d’œuvre, Anatis Bioprotection effectue des essais de lâchers de trichogrammes par drone. Crédit photo : Anatis Bioprotection

La présidente et directrice générale d’Anatis Bioprotection, Silvia Todorova, développe pour sa part des insecticides biologiques à base de champignons entomopathogènes Beauveria bassiana. Ce produit agit par contact et s’attaque aux insectes ravageurs ciblés, et ce, à tous les stades de leur développement. « Le BioCeres est homologué dans les cultures en serre pour lutter contre l’aleurode ainsi que divers pucerons et thrips », précise la chercheuse. Le produit devrait être homologué en février pour les fines herbes et épices, le cannabis médical et les patates douces en serre.

En ce qui a trait au doryphore de la pomme de terre, le BioCeres est sur la liste des pesticides prioritaires à homologuer. « Nous attendons aussi une confirmation concernant les vers blancs, la punaise velue et l’agrile du frêne pour 2017-2018 », indique Silvia Todorova. Aux États-Unis, son utilisation est homologuée en serre et en champ depuis 2014.

Les projets ne manquent pas pour l’entreprise, notamment le développement de formulations pour le BioCeres, le projet de lutte contre les ténébrions dans les bâtiments avicoles et la poursuite des essais d’applications par drone. Grâce aux nouvelles facilités d’application et aux résultats probants, la lutte biologique s’impose de plus en plus pour contrer les ravageurs et s’intègre en agriculture conventionnelle.