Régions 29 mars 2017

Difficile d’être étiqueté comme étant « dévitalisé »

« On vient de recevoir la nouvelle liste de classement des localités selon l’indice de vitalité économique et, malheureusement, on a reculé », se désole Philôme La France, agent de développement à la municipalité de Petit-Saguenay.

« Le salaire moyen par habitant n’a pas augmenté, comme c’est le cas ailleurs au Québec. En d’autres mots, on s’appauvrit. Et notre population a diminué. Des gens nous quittent pour la ville ou pour le ciel et il n’y a pas de jeunes familles pour les remplacer. C’est ce qui nous fait descendre au classement », explique M. La France.

Petit-Saguenay se révèle un endroit magnifique, avec vue sur le Fjord. Cependant, il apparaît aujourd’hui au 62e rang des municipalités les plus dévitalisées du Québec. Cette statistique souffle un vent de démotivation sur le village. « C’est un dur coup. Nous étions sur une lancée et en raison des compressions budgétaires du gouvernement [coupes associées aux centres locaux de développement et au Fonds de soutien aux territoires dévitalisés], nous avons dû diminuer nos ressources et annuler plusieurs projets de développement économique. C’est très dommage », se désole Philôme La France.

Contrer la démobilisation

Ce n’est pas la première fois que Petit-Saguenay apparaît dans ce triste palmarès. Les citoyens avaient eu un choc en 2007 lorsque le gouvernement québécois avait étiqueté leur municipalité comme étant dévitalisée. Pour des gens fiers, c’était la honte. Et ensuite, le doute. Qu’adviendrait-il de la valeur des maisons? Surtout que Petit-Saguenay respirait la santé financière quelques années auparavant grâce à son industrie forestière, qui était florissante.

En 2007, le statut de dévitalisation avait poussé les citoyens à se mobiliser. Ils avaient mis en œuvre un plan d’action stratégique sur 10 ans (2010-2020). Plusieurs avaient mis la main à la pâte, notamment en améliorant bénévolement l’esthétisme du village et en investissant dans un bâtiment neuf afin d’abriter l’épicerie et la station-service. C’était une façon de sauver ces deux commerces qui risquaient de disparaître définitivement. Une boulangerie, qui embauche uniquement les 12 à 14 ans, a également été ouverte durant l’été pour apprendre aux jeunes à travailler plutôt que de flâner.

Malheureusement, plusieurs initiatives ont dû être abandonnées, faute de financement. La « boulangerie des jeunes », par exemple, ne reviendra pas l’été prochain. Et la récente baisse de l’indice de vitalité économique n’a rien pour améliorer le moral des villageois. Philôme La France estime « qu’il faudra travailler fort » pour contrer la démobilisation des gens de Petit-Saguenay dans les prochains mois.

L’agriculture sauve la mise

Tout n’est heureusement pas noir. L’agriculture permet présentement à Petit-Saguenay de faire face au déclin économique. Plusieurs fermes laitières peuvent désormais compter sur des jeunes de la relève, qui constituent des employeurs importants. De nouvelles entreprises agricoles se sont également établies et fonctionnent bien, affirme M. La France, qui cite notamment en exemple une bleuetière, un élevage de cerfs rouges, une production de champignons et une autre de pommes de terre.

« On mise sur l’agriculture, mais on doit aussi réfléchir à d’autres solutions pour intéresser des entreprises susceptibles de créer de l’emploi et d’attirer des familles », ajoute M. La France. Il espère que les subventions du gouvernement fédéral pourront contrebalancer celles que le provincial ne donne plus pour aider les régions.