Politique 22 mars 2017

Rien au budget pour le fromage, ni pour les PME

OTTAWA — Le ministre Bill Morneau n’a pas prévu de montant pour le programme de compensation pour le secteur laitier et fromager, qui devait pourtant s’élever à 350 M$. L’arrivée des fromages européens pourrait cependant attendre le « milieu de 2017 », puisque c’est le moment prévu par le document budgétaire pour l’entrée en vigueur de l’Accord économique et commercial global (AECG).

Il n’y a pas non plus de baisse d’impôts pour les PME. Plusieurs observateurs ont cependant noté que le ministre se donnait probablement une marge de manœuvre pour baisser l’impôt des entreprises plus tard cette année, après que les diminutions concrètes mises en place par le gouvernement Trump seront connues. L’impôt des particuliers demeure le même.

Peu de nouvelles mesures

Le budget fédéral pour 2017-2018 contient peu de nouvelles mesures qui pourraient avoir un impact important en agriculture, même si l’agroalimentaire est identifié comme un des six secteurs clés pour la croissance économique du Canada. Les principales nouvelles dépenses sont pour le logement (11 G$) et les garderies (7 G$). Le déficit s’élèvera à 28,5 G$, contre 23 G$ l’année précédente. Le ratio dette sur PIB augmente seulement de 0,1 % à 31,6 % et demeure le plus bas des pays du G7.

Le budget des dépenses 2017-2018 prévoit une stagnation du budget d’Agriculture et Agroalimentaire Canada (AAC), qui passera à 2 251 G$ en 2017-2018, contre 2 263 G$ l’année d’avant. Le prochain cadre stratégique agricole (prévu en 2018) est cité dans le budget, mais il ne fait pas l’objet d’annonces précises.

« Nous aiderons les agriculteurs, les producteurs et les transformateurs à bâtir leurs entreprises à l’échelle mondiale, et ce, de façon durable », a énoncé le ministre des Finances du Canada, Bill Morneau, dans la version écrite de son discours du budget. L’objectif du gouvernement fédéral est d’atteindre 75 G$ d’exportations agroalimentaires d’ici 2025. Afin d’y arriver, il prévoit notamment un examen complet du système ferroviaire pour faciliter le transport du grain et d’autres denrées. Le budget confirme également un montant de 10,1 G$ sur 11 ans qui a été annoncé à l’automne 2016 pour améliorer les corridors de commerce en incluant notamment des travaux pour réduire la congestion au port de Montréal. On précise également que la fin des tarifs sur certains ingrédients fera économiser 700 M$ aux transformateurs agroalimentaires.

Innovations

Le secteur agroalimentaire profitera par ailleurs d’une partie du budget de 950 M$ sur cinq ans annoncé au cours de 2016 pour les « supergrappes » qui regrouperont les entreprises et les établissements d’enseignement des six secteurs ciblés. Ces secteurs prioritaires sont l’agroalimentaire, les industries numériques, les sciences biologiques et de la santé, la fabrication de pointe, les ressources propres et les technologies propres.

150 M$ pour la salubrité des aliments

Le budget de l’an dernier prévoyait 38,5 M$ sur deux ans pour améliorer les systèmes de l’Agence canadienne d’inspection des aliments (ACIA). Cette année, le gouvernement prévoit l’ajout de 149,3 M$ sur cinq ans afin de poursuivre les programmes de base d’inspection et de salubrité des aliments. L’inspection du secteur de la viande et les mesures contre la listériose font partie des cibles.

70 M$ pour la recherche

Le budget Morneau ajoute 70 M$ sur six ans pour l’innovation et les « découvertes agricoles ». Le budget de 2016 avait déjà prévu 30 M$ sur six ans pour la recherche, notamment en génomique, réalisée par Agriculture et Agroalimentaire Canada (AAC).

Moins d’argent pour les travailleurs étrangers

Le budget Morneau annonce une somme de 279,8 M$ sur cinq ans, dès 2017, pour « soutenir l’exécution du Programme de travailleurs étrangers temporaires (PTET) et du Programme de mobilité internationale ». Le budget sera de 49,8 M$ par la suite.

Le Budget des dépenses 2017-2018 prévoit cependant une baisse de 29, 3 M$ du budget des deux programmes cités plus haut « en raison de la temporisation du financement liée à la mise en œuvre et à l’administration des réformes ». Il n’est donc pas certain qu’une marge de manœuvre sera disponible pour réellement « améliorer » le PTET, ce que le document du budget affirme pourtant.