Vie rurale 5 septembre 2014

Expropriés de Mirabel : « La job n’est pas finie! »

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On en parle peu ou pas… mais la gaffe du fédéral à l’égard des expropriés de Mirabel n’est pas entièrement réparée.

« La job n’est pas finie », a déclaré à la Terre le président du Syndicat de l’UPA de Sainte-Scholastique–Mirabel, Marcel Denis, le 30 avril dernier.

Certes, le fédéral a rétrocédé, en 1985, 80 000 des 97 000 acres expropriées inutilement pour la construction de l’aéroport de Mirabel, qui fonctionne à peine. L’aérogare, inoccupée depuis 2004, sera d’ailleurs démantelée sous peu. Le processus a été réactivé en 2006 pour rétrocéder quelque 11 000 acres. Cette deuxième phase, qui comportait une centaine de dossiers, n’est toujours pas achevée. « Il reste toujours environ 2 400 acres dont l’issue n’est pas scellée, même si Ottawa a arrêté tout processus de rétrocession », a souligné M. Denis.

Deux blocs

Le premier bloc fait quelque 2 300 acres et est constitué de terres qui n’ont pas été louées depuis l’expropriation. La présence d’un poste de quarantaine pour les animaux importés explique qu’elle ait été laissée à l’écart. On y trouve aussi une tourbière de 550 acres, vieille de 8 000 ans, à protéger, évidemment. « Pour le reste, nous avions convenu, avec le ministère des Transports qui siégeait au sein du comité de transition, de constituer des blocs de lots intéressants pour la revente ainsi qu’un chemin d’accès », a avancé M. Denis. D’après ce dernier, on y trouve majoritairement des érablières et des boisés à l’abandon, mais le potentiel est toujours là. Huit ou neuf producteurs agricoles auraient ainsi pu se les partager et entretenir le chemin.

Des gens avaient d’ailleurs manifesté leur intérêt à la suite d’un avis public paru dans les journaux. Or, le processus a été paralysé en raison d’une résolution adoptée par la Ville de Mirabel au sujet du chemin d’accès. Par cette résolution, la ville se déchargeait de son entretien et en a fait un chemin privé nécessitant son autorisation pour l’emprunter. Pour éliminer cette contrainte, à la demande du fédéral, la Ville a proposé d’aménager une rue dans un boisé, au coût de 4 M$. Une approche refusée par Ottawa. M. Denis se pose la question suivante : était-ce une manière déguisée de ne pas retourner ces terres à l’agriculture et de les réserver pour du développement autre qu’agricole?

Le deuxième bloc de terres toujours en plan s’étend sur 94 acres. Il s’agit en fait de huit lots ou dossiers qui n’ont pas été vendus dans le cadre de la deuxième phase de rétrocession en 2006. Ces lots demeurent en friche. Or le dernier courriel reçu par M. Denis et provenant du ministère des Transports laisse croire que pour Ottawa, le dossier est fermé. « Mais la job n’est pas finie », conclut-il.