Politique 27 février 2017

Brian Mulroney propose la fin de la gestion de l’offre

Dans une allocution prononcée à Edmonton à l’occasion de la conférence agricole Farmtech le 2 février, l’ancien premier ministre Brian Mulroney s’est prononcé en faveur d’un « retrait prudent, innovant et généreux » de la gestion de l’offre pour le secteur laitier et celui de la volaille.

À Québec, cette éventualité a été rejetée avec vigueur, alors qu’au fédéral, on a affirmé appuyer « fermement » le système de gestion de l’offre.

Dans ce discours d’Edmonton, dont la Terre a obtenu copie auprès du bureau Norton Rose Fulbright où M. Mulroney travaille et qui a aussi été rapporté par le site de nouvelles iPolitics, M. Mulroney insiste également sur le « potentiel énorme d’exportations » qui pourrait se concrétiser si ces secteurs sensibles étaient « émancipés ». L’ancien premier ministre canadien ajoute qu’il faudrait pour cela que les États-Unis en fassent autant avec leurs régimes de protection du sucre et des arachides. Brian Mulroney cite en exemple l’Australie et la Nouvelle-Zélande, qui ont procédé à une transformation « pragmatique » de leurs secteurs laitiers en incluant des compensations généreuses. Brian Mulroney en appelle ensuite au leadership politique canadien pour mettre en place une vision audacieuse du commerce.

Il faut savoir que Brian Mulroney est devenu conseiller pour le gouvernement Trudeau en ce qui concerne la renégociation de l’Accord de libre-échange nord-américain (ALENA) et qu’il joue déjà un rôle diplomatique clé auprès du président Donald Trump et de son ministre du Commerce Wilbur Ross, un ami personnel de M. Mulroney.

Québec s’oppose

« La position du Québec n’a pas changé sur la gestion de l’offre. Je ne pense pas que ça [les propos de Mulroney] passe super bien au Québec. Le ministre Lessard n’a pas l’intention de laisser aller ce modèle-là », a commenté Mathieu Gaudreault, attaché de presse du ministre de l’Agriculture du Québec, Laurent Lessard. L’attaché confirme que la protection de la gestion de l’offre est une « priorité » pour le gouvernement du Québec et que le ministre Lessard a réitéré cette position auprès de son homologue Lawrence MacAulay le 20 février dernier, même s’il n’était pas au courant du discours de l’ancien premier ministre conservateur à ce moment-là. D’autres rencontres sont prévues avec des ministres fédéraux comme Chrystia Freeland dans les prochaines semaines. Le premier ministre Philippe Couillard appuie également la défense de la gestion de l’offre.

Notons que le conseiller du Québec pour la renégociation de l’ALENA, Raymond Bachand, qui travaille au même bureau d’avocat que Brian Mulroney, n’a pas souhaité commenter les propos de ce dernier pour le moment en faisant valoir qu’il était nouvellement en poste.

Le fédéral réitère son appui

La Terre a voulu savoir ce que le ministre du Commerce international, François-Philippe Champagne, pensait des propos de Brian Mulroney. C’est le ministère de l’Agriculture qui a donné la position du gouvernement Trudeau sur la question, indiquant qu’il « appuie fermement le système canadien de gestion de l’offre et [que] nous continuerons de le protéger et de le défendre. Les États-Unis sont nos voisins et notre relation économique la plus importante ». Le ministère souligne l’importance du commerce entre les deux pays, qui s’élève à 47 G$ annuellement, ajoutant qu’ils sont « bien conscients de l’importance de cette relation pour notre secteur agricole ». Rappelons néanmoins que lors du dernier remaniement, les relations canado-américaines ont été confiées à la nouvelle ministre des Affaires étrangères, Chrystia Freeland.

Avec la collaboration de Pierre-Yvon Bégin.