Alimentation 15 février 2017

L’épicerie en ligne, un incontournable

À en croire le Food Marketing Institute, basé en Virginie, 20 % des épiceries se feront en ligne d’ici 2025. Bien qu’ils considèrent la cible comme trop ambitieuse – étant donné que cette proportion est présentement de 1 % au Québec –, les experts interrogés par la Terre s’entendent pour dire que les commerçants n’auront bientôt d’autre choix que d’offrir ce service.

« C’est vraiment une tendance lourde et un incontournable qu’on n’observe pas juste ici, mais à travers le monde », affirme Léopold Turgeon, président-directeur général du Conseil québécois du commerce de détail. Selon lui, le service en ligne doit désormais faire partie d’une expérience unifiée, car les consommateurs s’attendent de plus en plus à avoir accès aux mêmes produits sur le Web et en magasin.

La professeure JoAnne Labrecque, qui enseigne le marketing de l’alimentation à HEC Montréal, estime que les magasins à prix réduits ont plus à craindre du Web que les supermarchés offrant une expérience festive. Si le secteur alimentaire a jusqu’ici été relativement épargné, elle s’attend à ce que les ventes en ligne de produits non périssables gagnent plus en popularité que celles de produits frais.

À 20 minutes de route

Depuis qu’elle a pris l’habitude de commander son épicerie en ligne, Julie Adam a plus de temps à consacrer à sa fille. Crédit photo : Gracieuseté de Julie Adam
Depuis qu’elle a pris l’habitude de commander son épicerie en ligne, Julie Adam a plus de temps à consacrer à sa fille. Crédit photo : Gracieuseté de Julie Adam

Julie Adam demeure à Saint-Michel-de-Bellechasse, en banlieue de Québec. Elle doit faire 20 minutes de voiture pour se rendre au supermarché. « Chaque samedi matin, mon activité avec ma fille, c’était d’aller faire l’épicerie. À un moment donné, je me suis dit qu’il fallait que je trouve une solution », raconte celle qui a adopté l’épicerie en ligne il y a quelques mois.

La trentenaire est ravie de constater qu’elle économise ainsi temps et argent. « Quand on est là-bas, le moindrement qu’on a faim, on ne respecte jamais son budget. Maintenant, avec l’épicerie en ligne, quand j’arrive pour payer mon panier, si je vois que j’ai dérapé, j’enlève des affaires », souligne la mère de famille.

Papa de trois filles en bas âge, François Talbot passe lui aussi sa commande à son épicier via le Web. Au départ, il a fait le test d’acheter des produits frais pour voir dans quel état ceux-ci allaient lui arriver. Les résultats ont été concluants.

Le moteur de recherche est d’une précieuse aide pour cet internaute de Québec : « À l’épicerie, il y a trois ou quatre endroits différents où on retrouve du bio. Là, je n’ai quand taper mon mot-clé et je vois tout ce qui est offert. »

L’enjeu de la livraison

Dernièrement, des retards de livraison l’ont quelque peu fait déchanter. Il espère que son supermarché trouvera le moyen de s’adapter à la popularité grandissante des livraisons.

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Aux dires de Léopold Turgeon, du Conseil québécois du commerce de détail, les coûts de livraison sont un enjeu majeur pour les commerçants québécois, qui doivent rivaliser avec de grandes compagnies, telles qu’Amazon, capables d’offrir le service à très bas prix. Il prédit donc une tendance vers le Click & Collect, où les consommateurs achètent en ligne et vont chercher la marchandise en magasin.

Le responsable de la stratégie numérique chez Sobeys Québec, Alain Dumas, doute toutefois que cette façon de faire réponde véritablement aux besoins des clients. « Les gens préfèrent de loin la livraison parce qu’ils veulent avoir une expérience complète », croit-il. François Talbot confirme qu’à ses yeux, sans la livraison, l’épicerie en ligne perd de son intérêt.

Tour d’horizon

L’offre en ligne n’est pas la même dans tous les supermarchés du Québec.

IGA (Sobeys) : Cette chaîne fait figure de pionnière puisqu’elle offre le service en ligne depuis 20 ans. Pas moins de 271 magasins sur 292 y adhèrent, dont plus de 90 % font la livraison. Près de 50 % des épiceries en ligne se font sur support mobile (téléphone ou tablette).

Métro : L’épicerie en ligne a été inaugurée en octobre dernier dans trois supermarchés de Montréal et de Laval. Les clients peuvent ramasser en magasin ou faire livrer. L’analyse de la phase 1, d’une durée indéterminée, décidera si l’expérience sera étendue ailleurs au Québec et en Ontario.

Loblaw : Le service Cliquez & Ramassez est offert dans cinq provinces canadiennes, mais pas encore au Québec.

Walmart : À Ottawa et Toronto, les produits frais peuvent être commandés et ramassés en magasin. Partout ailleurs, seules les denrées non périssables peuvent être achetées en ligne pour livraison.

Avril : Le détaillant en alimentation santé a multiplié son offre de produits offerts en ligne lors de la refonte de son site Web en juin 2015. Les produits frais ou trop volumineux n’en font toutefois pas partie à cause de contraintes de livraison.