Économie 8 février 2017

Un potentiel « énorme » à exploiter

Le secteur agricole québécois a le potentiel d’augmenter ses recettes financières de 30 % au cours des 10 prochaines années.

« C’est énorme », constate avec enthousiasme Charles-Félix Ross, directeur général de l’UPA. Celui-ci rencontrait en début de semaine dernière le ministre des Finances du Québec, Carlos Leitão, dans le cadre de ses consultations annuelles afin de préparer le prochain budget.

En primeur, il lui a présenté les conclusions de l’étude réalisée par la firme ÉcoRessources, qui sera dévoilée le 8 février lors d’un webinaire sur l’apport économique de l’agriculture. « Seulement en production laitière, souligne Charles-Félix Ross, le potentiel de croissance est de 20 %. Ça va créer des milliers d’emplois. »

L’étude révèle notamment que les secteurs de la production agricole et de la transformation alimentaire contribuent au produit intérieur brut (PIB) à la hauteur de 18,8 G$, soit 5,5 % de ce PIB. Mieux encore, le PIB de ces deux secteurs a augmenté de 28 % entre 2007 et 2015, tandis que l’ensemble de l’économie du Québec n’a crû que de 7 %. Un léger ralentissement est toutefois noté depuis 2010. « Nous souhaitons que le gouvernement crée un climat favorable au développement de l’agriculture par une stratégie », indique Charles-Félix Ross.

Parmi les « conditions gagnantes » suggérées au ministre des Finances, l’UPA est évidemment revenue sur le report de la réforme du Programme de crédit de taxes foncières agricoles, un dossier qui n’était pas réglé au moment de leur rencontre. Afin de stimuler les investissements, l’UPA propose aussi de bonifier les programmes de gestion des risques et réclame un programme d’aide à l’investissement. Rappelons que les Éleveurs de porcs du Québec pressent depuis près de deux ans Québec de les soutenir dans la mise à niveau de leurs installations.

L’UPA fait aussi une constatation troublante. Le ministère de l’Agriculture aurait adopté une position « d’observateur » dans les négociations avec le fédéral pour le renouvellement du cadre stratégique agricole Cultivons l’avenir 2. Contrairement aux autres provinces, déplore-t-elle, le Québec ne participe pas activement aux négociations. Chaque année, Ottawa verse environ 100 M$ au Québec pour développer son agriculture. « Il faut aller chercher le maximum du fédéral », plaide Charles-Félix Ross.

En ce qui concerne la hausse du salaire minimum, l’UPA réclame des mesures d’atténuation comme un crédit d’impôt remboursable. Dans plusieurs secteurs, comme en horticulture, les frais de main-d’œuvre atteignent de 50 à 60 % des coûts.

L’UPA exhorte également Québec à bonifier le financement du Conseil des appellations réservées et des termes valorisants (CARTV) afin de stimuler la reconnaissance d’appellations.

Selon l’UPA, le gouvernement du Québec doit aussi participer activement aux prochaines négociations pour renouveler l’accord de libre-échange avec les États-Unis et le Mexique (ALÉNA). Les systèmes sous gestion de l’offre, rappelle-t-on, génèrent chaque année près de 8,3 G$ en PIB.

Enfin, l’UPA presse Québec de donner priorité à une exemption à la forêt privée pour le renouvellement de l’entente sur le bois d’œuvre avec les États-Unis et de soutenir les producteurs de bois en forêt privée dans leur lutte contre l’épidémie de la tordeuse des bourgeons de l’épinette.