International 27 janvier 2017

La filière du sirop d’érable se concerte

Accord de libre-échange ou pas, producteurs et transformateurs de sirop d’érable veulent conserver le leadership mondial de ce marché.

« Il est plus facile de vendre 50 millions de livres de sirop aux États-Unis qu’au Japon », songe Serge Beaulieu, président de la Fédération des producteurs acéricoles du Québec. Tout en se disant que les Américains ne pourront remplacer ces 50 millions de livres importées du Québec du jour au lendemain, il croit qu’il importe de diversifier les marchés.

« Quel geste les Américains peuvent-ils poser pour s’autosuffire? C’est ça qui m’inquiète à plus long terme », admet-il.

Le président du Conseil de l’industrie de l’érable (CIE), Eliott Levasseur, estime pour sa part que le sirop d’érable ne doit pas constituer une priorité pour Donald Trump. Il a cependant noté que certains gouverneurs d’État ont déjà fait des représentations à ce sujet auprès de son cabinet.

« C’est un problème commun pour la Fédération et les transformateurs », affirme le président du Conseil. Tout en disant soutenir le mode de mise en marché au Québec, il admet que sa propre entreprise, Decacer, de Dégelis, n’écarte pas l’idée d’installer une antenne aux États-Unis. L’an dernier, note-t-il, L.B. Maple Treat a d’ailleurs acheté un concurrent américain.

« Ça fait un bout de temps, avoue-t-il, qu’on étudie cette possibilité. Peu importe ce que fait M. Trump. Est-ce qu’on va s’installer aux États-Unis, que ce soit avec une usine, un entrepôt ou un pied à terre? Pas à court terme, mais ça fait partie de nos considérations futures. Ce n’est pas impossible parce qu’il faut rester compétitif. »

Le directeur général du CIE, Daniel Dufour, note pour sa part que la conclusion d’ententes de libre-échange avec l’Asie ou l’Europe constitue « toujours une bonne nouvelle ». Quand les tarifs tombent, illustre-t-il, cela aide les clients à acheter nos produits.

« Il faut être proactif, ajoute-t-il. On veut travailler en filière parce que le Québec doit demeurer le leader incontesté du sirop d’érable dans le monde. »

Daniel Dufour reconnaît qu’une taxe sur nos exportations de sirop pourrait faire perdre l’avantage obtenu par un faible taux de change. Dans pareil cas, il admet que le Québec perdrait des parts de marché.

« Tout le monde est dans l’expectative aujourd’hui, tempère-t-il. On prend état de la situation avec l’arrivée de Trump. »