Élevage 24 janvier 2017

Croisade pour la queue écourtée des vaches

L’entrée en vigueur en septembre 2017 du programme proAction interdira formellement aux producteurs de lait de couper la queue des vaches. D’importants producteurs, certains ayant adopté cette pratique depuis 15 ou même 20 ans, ont entrepris une croisade pour la conserver.

Ils font valoir que le fait de couper la queue des vaches favorise leur bien-être ainsi que la sécurité du personnel affecté au soin des animaux.

« Imagine manger un coup de queue dans l’œil », illustre Renaud Lachance, propriétaire d’une ferme laitière de 530 têtes à Saint-Évariste-de-Forsyth, en Beauce. Il est difficile de préciser le nombre de vaches à la queue coupée sur les fermes du Québec. On évalue sommairement ce nombre à 20 000 sur un cheptel qui compte environ 360 000 têtes.

« C’est beaucoup une question de perception et d’image, ajoute-t-il. On veut mettre un protocole en place parce qu’on ne doit pas faire ça n’importe comment. En bas âge, le veau ne s’en aperçoit même pas. On met un élastique et, trois semaines plus tard, la queue tombe toute seule. »

Ces producteurs déplorent de ne pas avoir été consultés sur le sujet. Ils ont rencontré récemment le conseil d’administration d’Holstein Québec et Bruno Letendre, président des Producteurs de lait du Québec.

« Le programme proAction est un code canadien, donc les producteurs doivent convaincre le pays que cette mesure [l’interdiction] n’est pas adéquate », a commenté Bruno Letendre.

Réjean Bessette, un producteur laitier de la Montérégie, a également adopté cette pratique avec son élevage de 550 têtes du rang Saint-Édouard, à Saint-Jean-sur-Richelieu. « On ne fait pas ça pour maltraiter les animaux, affirme-t-il, mais pour assurer leur bien-être. C’est aussi pour la propreté des bâtiments et la sécurité des humains. »

À cette fin, les producteurs viennent d’ailleurs de lancer un site Web, queueecourtee.com.

Interdiction

Depuis le 1er janvier, l’Ordre des médecins vétérinaires du Québec (OMVQ) interdit à ses membres de couper la queue des vaches, des chevaux, des chiens et des chats. « C’est une pratique qu’on souhaiterait voir diminuer parce qu’on est conscient que ça peut provoquer des douleurs et de l’inconfort chez l’animal », explique son président, le Dr Joël Bergeron.

Du côté des races bovines, l’interdiction est plutôt symbolique puisque la caudectomie est généralement pratiquée par le producteur lui-même. L’Ordre compte sur ses membres pour informer et sensibiliser les éleveurs au fait que cette pratique va à l’encontre du bien- être animal.

Dans le secteur ovin, pour des raisons de santé et d’hygiène, les producteurs peuvent continuer de couper la queue de leurs agneaux. Le Dr Gaston Rioux, du Centre d’expertise en production ovine du Québec (CPOQ), précise que cette pratique est surtout nécessaire lorsqu’il s’agit d’animaux destinés à la reproduction.

Avec la collaboration d’Ariane Desrochers