Vie rurale 17 janvier 2017

Des milliers d’heures non-payées

Les résultats d’une nouvelle étude sur le travail invisible des femmes en milieu rural sont accablants : les femmes sondées disent consacrer en moyenne, 8,35 heures non rémunérées, chaque semaine, aux travaux de la ferme.

Une extrapolation tenant compte du salaire minimum et du nombre d’agricultrices au Québec (24 915) amène à conclure qu’il pourrait s’agir là d’un manque à gagner global de 114,9 M$.

Aussi, selon la même étude rendue publique à l’automne 2016, 47 % des femmes sont fréquemment préoccupées par leur situation financière et 44 % croient que celle-ci ne s’améliorera pas.

Ces chiffres proviennent d’une consultation menée par la Fédération des agricultrices du Québec auprès de 148 agricultrices et de 170 agriculteurs, ainsi que d’un sondage auquel ont répondu 447 femmes issues du milieu rural.

Mis en parallèle avec les chiffres du ministère de l’Agriculture du Québec, qui révélait en 2008 que 80 % des agricultrices ou des conjointes d’agriculteur ne recevaient pas de salaire, on comprend que la situation des femmes n’est pas rose.

Un travail… secondaire

Ce qui préoccupe le plus Gabrielle Lemarier-Saulnier, coauteure de l’étude c’est le travail non-rémunéré des femmes exécuté directement à l’entreprise : soins aux animaux, travaux aux champs, vente au kiosque, etc. « Plusieurs femmes aident ici et là à la ferme. Leur travail est souvent morcelé; en conséquence, il n’est pas reconnu comme tel, mais plutôt perçu comme un travail secondaire. Certaines s’occupent même de la comptabilité de la ferme depuis 20 ans sans que ce soit reconnu comme une “profession” », dépeint-elle.

La chercheuse affirme malgré tout que les femmes, en majorité, se disent très  fières d’être agricultrices. « Elles ont le cœur à l’ouvrage et elles continuent de s’engager dans l’entreprise, même à la retraite. »

Des conséquences pour tous

Pourtant, cette absence de rémunération a des conséquences négatives pour l’ensemble du ménage. Une personne sans salaire n’aura pas accès au Régime de rentes du Québec et ne peut profiter d’autres programmes, comme l’assurance-emploi et le Régime québécois d’assurance-parentale. Et si elle désire effectuer un emprunt pour démarrer un projet, l’absence de rémunération stable pourrait l’empêcher d’avoir accès au crédit.

À LIRE ÉGALEMENT
– Vers une amélioration des conditions
– Le silence des femmes